拍品专文
« Les oeuvres au stylo-bille sont donc des concentrés de temps ; pour moi, elles donnent de manière concrète l'impression d'un laps de temps immense, étiré ». - Alighiero Boetti
"The works with the Biro are concentrates of time, for me, in a physical way, they give the sensation of a huge, expanded time frame." - Alighiero Boetti
Un accrochage vif, rougeoyant, composé de onze panneaux monochromes distincts, « coloriés » un par un au stylo-bille rouge par onze mains différentes, Ononimo est une création collective monumentale d'art conceptuel créée par Alighiero Boetti en 1973. Elle constitue l'une des œuvres les plus imposantes de la série des Biro (« stylos-bille »), dont cinq seulement ont été exécutées en grand format. Parmi elles, trois ont été réalisées au stylo bleu (dont celle qui réside aujourd'hui au Toyota Municipal Museum of Art, au Japon) et deux autres, y compris celle-ci, au stylo rouge.
Boetti commence à travailler sur sa série désormais très recherchée de « stylos-bille » en 1972. Dans ces œuvres, l'artiste imagine un mot ou un aphorisme dont les lettres apparaissent sur le fond blanc de feuilles de papier qui ont été laborieusement coloriées, du reste, par des assistants : des cocréateurs que Boetti ne rencontre jamais directement, par principe. Le mot, resté vierge, est la seule partie de la feuille qui a été épargnée par les hachures minutieuses au stylo-bille. Monochromes et d'apparence uniforme, lorsqu'on les regarde de près, ces Biro se distinguent pourtant par la diversité des styles de « coloriage » de chaque panneau. Les instructions que Boetti fournit à ses co-créateurs les laissent libres de remplir la feuille à leur guise. Hors du contrôle de l'artiste, le résultat final est donc à la fois le reflet du temps et de l'effort investis dans la réalisation de chaque coloriage, mais aussi, dans son ensemble, une illustration parfaite du principe fondamental qui irrigue la totalité du travail de Boetti : celui de « ordine e disordine », c'est-à-dire le rapport symbiotique entre l'ordre et le désordre qui existe en toute chose.
« Il y a la manière traditionnelle [de dessiner], en tenant un crayon dans sa main, explique Boetti, et puis il y a le fait de dessiner et de remplir, de colorier, comme dans la série des stylos-billes. Il y a toutes sortes de manières de dessiner. Chaque personne a sa propre manière, ses propres certitudes, son propre tempérament, ses propres ombres. Et ici, [dans les Biro] chaque personne a sa propre présence, qui s'impose sans choix possible. Chaque personne possède son Moi physique, son intégrité ; et surtout, chacun a physiquement rempli la feuille de papier. C'est vraiment une réalité matérielle. Les œuvres au stylo-bille sont donc des concentrés de temps ; pour moi, elles donnent de manière concrète l'impression d'un laps de temps immense, étiré » (Alighiero Boetti dans un entretien avec Bruno Corà, cité in Alighiero Boetti, Game Plan, cat. exp., Londres, 2012, p. 208).
Les œuvres au stylo-bille intitulées Ononimo sont initiées un an plus tard, en 1973. Elles reprennent l'idée de travail collectif et de cocréation inhérente aux Biro antérieurs, mais en la poussant plus loin encore avec ce titre qui évoque, dans un même souffle, le concept de copaternité des œuvres, et la méthode ouverte et anonyme de leur fabrication. Néologisme inventé par Boetti en 1971, « Ononimo » est le fruit de la fusion des deux termes italiens « anonimo » (anonyme) et « omonimo » (homonyme) : autrement dit, un titre éponyme et autoréfexif, à travers lequel l'oeuvre se fait allusion à elle-même et à son propre anonymat. Le mot « Ononimo » renvoie également à la vision « gémellaire » que Boetti avait, psychologiquement, de lui-même ; ce sentiment d'être à la fois « Soi » et « Autre » ; à la fois « Showman » et « Shaman ». Cette vision plurielle de sa propre personne est une image qu'il perpétue tout au long de sa carrière : notamment dans des œuvres comme Gemelli (un double autoportrait dans lequel il se tient la main à lui-même), ou à travers sa manie d'ajouter entre son prénom et son nom le mot « e » (qui signifie « et » en italien) ou « and » (en anglais), de façon à devenir « Alighiero e Boetti ».
Cette idée de jumelage est également inhérente à la décision qui conduit Boetti à travailler en collaboration avec d'autres créateurs dans la plupart de ses œuvres à partir du début des années 1970. C'est d'ailleurs pour étayer ce concept, et souligner plus encore la fusion qui s'opère entre l'œuvre et sa propre identité, son sens du Moi, que Boetti choisit, en 1973, d'exécuter la série des Ononimo sous forme de séquence répétitive de onze panneaux, onze images conceptuellement identiques mais physiquement différentes les unes des autres (puisqu'elles sont réalisées, donc, par différents créateurs). Pour Boetti, le onze est en effet un nombre particulièrement magique, mystique, dans la mesure où, lorsqu'on l'écrit « 11 », il devient une unité qui contient elle-même le doublement de l'unité élémentaire « 1 ». Autrement dit, le « 11 » est le reflet numérique de l'impression qui habite profondément Boetti d'être lui-même double. « 11 » est aussi la parfaite expression numérique de cette association de personnes anonymes autour d'une même création, ce jumelage qui distingue si bien les Ononimo et que Boetti décrit ainsi à Bruno Corà : « Je n'ai aucun contact avec les autres. Je ne peux que visualiser des entités 'ononymes', sans noms et avec le même nom, chacune avec son caractère, mais sans collaboration active : il y a leur réalité et la mienne. Dans le système que j'ai trouvé, toutes les réalités sont recevables. Je ne fais aucun choix, et ça aussi, c'est un grand exploit, ne pas avoir à choisir » (Alighiero Boetti, ‘Entretien avec Bruno Corà’ in Annemarie Sauzeau, ‘Multiplicity, Difference, Repetition: The Maturity of Alighiero e Boetti’ ; in Jean-Christophe Ammann (ed.), Alighiero Boetti: Catalogo generale, Vol. II, Milan, 2012, p. 35).
A radiant and colourful display of eleven separate monochrome panels each ‘filled in’ red Biro by a different hand, Ononimo (Ononim) is a monumental collaborative work of conceptual art created by Alighiero Boetti in 1973. Among the largest of all Boetti’s ‘Biro works’, Ononimo is one of only five such works to have been executed on this grand scale. Three were made in blue Biro (one of which is now in the Municipal Museum of Art in Toyota, Japan) and two others, including this work were made in red Biro.
"There’s the classical way’ of drawing, Boetti said, ‘taking a pencil in your hand, and then there’s the fact of drawing and covering, filling in, like in the Biro works. They’re all ways of drawing. Everyone has their own way, their own certainty, their own temperament, their own shadows. And here, [in the Biro works] everyone has their own presence, which is beyond any possibility of choice. Everyone has their bodily self, their fullness: above all they’ve physically filled the sheet of paper. It’s really a physical fact. So, the works with the Biro are concentrates of time, for me, in a physical way, they give the sensation of a huge, expanded time frame" (Alighiero Boetti in conversation with Bruno Corà, quoted in Alighiero Boetti Game Plan, exh. cat, London, 2012, p. 208).
Boetti’s Biro works bearing the title ‘Ononimo’ were begun one year later in 1973 and take the inherent sense of partnership and co-creation of the previous Biro pictures another step further by self-reflectively invoking both the twinned authorship of these conceptual works and also the open, authorless and anonymous nature of their creation. ‘Ononimo’ is a neologism, born from a conflation of the two Italian words ‘anonimo’ meaning anonymous and ‘omonimo’ (homonym) that Boetti had first coined in 1971 as a singular, self-reflexive expression. A twinned word that could serve as a self-reflexive and eponymous title pointing back only to its anonymous self, the word ‘Ononimo’ echoes Boetti’s own sense of himself as a twinned person – to his psychological sense of himself as both a ‘Self’ and as ‘Other’, as both ‘Showman’ and ‘Shaman’. This doubled image of himself is one that he constantly perpetuated throughout his career, most notably in such works as Gemelli (a twinned self-portrait where he portrayed himself holding hands with himself) and through his frequent use of an ‘e’ (‘and’) in between his first and second names so that he became ‘Alighiero e Boetti’.
Such twinning is also inherent to Boetti’s decision to partner with collaborative creators in much of his work from the early 1970s onwards. As a way of reinforcing this concept, and also of indicating the merging of his own sense identity and Self with his work, Boetti chose, in 1973, to execute his Ononimo works in a repetitive sequence of eleven conceptually identical, but physically all different (because they were made by different co-creators), panels. The number eleven was a magic and mystical number for Boetti because, when written ‘11’ it is a unit that contains a twinning of the elementary unit ‘1’, and thus numerically reflects Boetti’s own sense of a twinned Self. It is also expressive of the twinned sense of anonymous partnership that distinguishes the ‘Ononimo’ works, for in these works as Boetti told Bruno Corà, ‘I have no contact with others, there is only the visualisation of ‘ononymous’ entities. Without names and with the same name, each with his character, but without collaboration: there is their reality and mine. I found a system by which any reality is OK. I do not make choices, and this, too, is a great achievement, to not have to choose" (Alighiero Boetti ‘Interview with Bruno Corà’ in Annemarie Sauzeau, ‘Multiplicity, Difference, Repetition: The Maturity of Alighiero e Boetti’ in: Jean-Christophe Ammann (ed.) Alighiero Boetti: Catalogo generale, Vol. II, Milan, 2012, p. 35).
"The works with the Biro are concentrates of time, for me, in a physical way, they give the sensation of a huge, expanded time frame." - Alighiero Boetti
Un accrochage vif, rougeoyant, composé de onze panneaux monochromes distincts, « coloriés » un par un au stylo-bille rouge par onze mains différentes, Ononimo est une création collective monumentale d'art conceptuel créée par Alighiero Boetti en 1973. Elle constitue l'une des œuvres les plus imposantes de la série des Biro (« stylos-bille »), dont cinq seulement ont été exécutées en grand format. Parmi elles, trois ont été réalisées au stylo bleu (dont celle qui réside aujourd'hui au Toyota Municipal Museum of Art, au Japon) et deux autres, y compris celle-ci, au stylo rouge.
Boetti commence à travailler sur sa série désormais très recherchée de « stylos-bille » en 1972. Dans ces œuvres, l'artiste imagine un mot ou un aphorisme dont les lettres apparaissent sur le fond blanc de feuilles de papier qui ont été laborieusement coloriées, du reste, par des assistants : des cocréateurs que Boetti ne rencontre jamais directement, par principe. Le mot, resté vierge, est la seule partie de la feuille qui a été épargnée par les hachures minutieuses au stylo-bille. Monochromes et d'apparence uniforme, lorsqu'on les regarde de près, ces Biro se distinguent pourtant par la diversité des styles de « coloriage » de chaque panneau. Les instructions que Boetti fournit à ses co-créateurs les laissent libres de remplir la feuille à leur guise. Hors du contrôle de l'artiste, le résultat final est donc à la fois le reflet du temps et de l'effort investis dans la réalisation de chaque coloriage, mais aussi, dans son ensemble, une illustration parfaite du principe fondamental qui irrigue la totalité du travail de Boetti : celui de « ordine e disordine », c'est-à-dire le rapport symbiotique entre l'ordre et le désordre qui existe en toute chose.
« Il y a la manière traditionnelle [de dessiner], en tenant un crayon dans sa main, explique Boetti, et puis il y a le fait de dessiner et de remplir, de colorier, comme dans la série des stylos-billes. Il y a toutes sortes de manières de dessiner. Chaque personne a sa propre manière, ses propres certitudes, son propre tempérament, ses propres ombres. Et ici, [dans les Biro] chaque personne a sa propre présence, qui s'impose sans choix possible. Chaque personne possède son Moi physique, son intégrité ; et surtout, chacun a physiquement rempli la feuille de papier. C'est vraiment une réalité matérielle. Les œuvres au stylo-bille sont donc des concentrés de temps ; pour moi, elles donnent de manière concrète l'impression d'un laps de temps immense, étiré » (Alighiero Boetti dans un entretien avec Bruno Corà, cité in Alighiero Boetti, Game Plan, cat. exp., Londres, 2012, p. 208).
Les œuvres au stylo-bille intitulées Ononimo sont initiées un an plus tard, en 1973. Elles reprennent l'idée de travail collectif et de cocréation inhérente aux Biro antérieurs, mais en la poussant plus loin encore avec ce titre qui évoque, dans un même souffle, le concept de copaternité des œuvres, et la méthode ouverte et anonyme de leur fabrication. Néologisme inventé par Boetti en 1971, « Ononimo » est le fruit de la fusion des deux termes italiens « anonimo » (anonyme) et « omonimo » (homonyme) : autrement dit, un titre éponyme et autoréfexif, à travers lequel l'oeuvre se fait allusion à elle-même et à son propre anonymat. Le mot « Ononimo » renvoie également à la vision « gémellaire » que Boetti avait, psychologiquement, de lui-même ; ce sentiment d'être à la fois « Soi » et « Autre » ; à la fois « Showman » et « Shaman ». Cette vision plurielle de sa propre personne est une image qu'il perpétue tout au long de sa carrière : notamment dans des œuvres comme Gemelli (un double autoportrait dans lequel il se tient la main à lui-même), ou à travers sa manie d'ajouter entre son prénom et son nom le mot « e » (qui signifie « et » en italien) ou « and » (en anglais), de façon à devenir « Alighiero e Boetti ».
Cette idée de jumelage est également inhérente à la décision qui conduit Boetti à travailler en collaboration avec d'autres créateurs dans la plupart de ses œuvres à partir du début des années 1970. C'est d'ailleurs pour étayer ce concept, et souligner plus encore la fusion qui s'opère entre l'œuvre et sa propre identité, son sens du Moi, que Boetti choisit, en 1973, d'exécuter la série des Ononimo sous forme de séquence répétitive de onze panneaux, onze images conceptuellement identiques mais physiquement différentes les unes des autres (puisqu'elles sont réalisées, donc, par différents créateurs). Pour Boetti, le onze est en effet un nombre particulièrement magique, mystique, dans la mesure où, lorsqu'on l'écrit « 11 », il devient une unité qui contient elle-même le doublement de l'unité élémentaire « 1 ». Autrement dit, le « 11 » est le reflet numérique de l'impression qui habite profondément Boetti d'être lui-même double. « 11 » est aussi la parfaite expression numérique de cette association de personnes anonymes autour d'une même création, ce jumelage qui distingue si bien les Ononimo et que Boetti décrit ainsi à Bruno Corà : « Je n'ai aucun contact avec les autres. Je ne peux que visualiser des entités 'ononymes', sans noms et avec le même nom, chacune avec son caractère, mais sans collaboration active : il y a leur réalité et la mienne. Dans le système que j'ai trouvé, toutes les réalités sont recevables. Je ne fais aucun choix, et ça aussi, c'est un grand exploit, ne pas avoir à choisir » (Alighiero Boetti, ‘Entretien avec Bruno Corà’ in Annemarie Sauzeau, ‘Multiplicity, Difference, Repetition: The Maturity of Alighiero e Boetti’ ; in Jean-Christophe Ammann (ed.), Alighiero Boetti: Catalogo generale, Vol. II, Milan, 2012, p. 35).
A radiant and colourful display of eleven separate monochrome panels each ‘filled in’ red Biro by a different hand, Ononimo (Ononim) is a monumental collaborative work of conceptual art created by Alighiero Boetti in 1973. Among the largest of all Boetti’s ‘Biro works’, Ononimo is one of only five such works to have been executed on this grand scale. Three were made in blue Biro (one of which is now in the Municipal Museum of Art in Toyota, Japan) and two others, including this work were made in red Biro.
"There’s the classical way’ of drawing, Boetti said, ‘taking a pencil in your hand, and then there’s the fact of drawing and covering, filling in, like in the Biro works. They’re all ways of drawing. Everyone has their own way, their own certainty, their own temperament, their own shadows. And here, [in the Biro works] everyone has their own presence, which is beyond any possibility of choice. Everyone has their bodily self, their fullness: above all they’ve physically filled the sheet of paper. It’s really a physical fact. So, the works with the Biro are concentrates of time, for me, in a physical way, they give the sensation of a huge, expanded time frame" (Alighiero Boetti in conversation with Bruno Corà, quoted in Alighiero Boetti Game Plan, exh. cat, London, 2012, p. 208).
Boetti’s Biro works bearing the title ‘Ononimo’ were begun one year later in 1973 and take the inherent sense of partnership and co-creation of the previous Biro pictures another step further by self-reflectively invoking both the twinned authorship of these conceptual works and also the open, authorless and anonymous nature of their creation. ‘Ononimo’ is a neologism, born from a conflation of the two Italian words ‘anonimo’ meaning anonymous and ‘omonimo’ (homonym) that Boetti had first coined in 1971 as a singular, self-reflexive expression. A twinned word that could serve as a self-reflexive and eponymous title pointing back only to its anonymous self, the word ‘Ononimo’ echoes Boetti’s own sense of himself as a twinned person – to his psychological sense of himself as both a ‘Self’ and as ‘Other’, as both ‘Showman’ and ‘Shaman’. This doubled image of himself is one that he constantly perpetuated throughout his career, most notably in such works as Gemelli (a twinned self-portrait where he portrayed himself holding hands with himself) and through his frequent use of an ‘e’ (‘and’) in between his first and second names so that he became ‘Alighiero e Boetti’.
Such twinning is also inherent to Boetti’s decision to partner with collaborative creators in much of his work from the early 1970s onwards. As a way of reinforcing this concept, and also of indicating the merging of his own sense identity and Self with his work, Boetti chose, in 1973, to execute his Ononimo works in a repetitive sequence of eleven conceptually identical, but physically all different (because they were made by different co-creators), panels. The number eleven was a magic and mystical number for Boetti because, when written ‘11’ it is a unit that contains a twinning of the elementary unit ‘1’, and thus numerically reflects Boetti’s own sense of a twinned Self. It is also expressive of the twinned sense of anonymous partnership that distinguishes the ‘Ononimo’ works, for in these works as Boetti told Bruno Corà, ‘I have no contact with others, there is only the visualisation of ‘ononymous’ entities. Without names and with the same name, each with his character, but without collaboration: there is their reality and mine. I found a system by which any reality is OK. I do not make choices, and this, too, is a great achievement, to not have to choose" (Alighiero Boetti ‘Interview with Bruno Corà’ in Annemarie Sauzeau, ‘Multiplicity, Difference, Repetition: The Maturity of Alighiero e Boetti’ in: Jean-Christophe Ammann (ed.) Alighiero Boetti: Catalogo generale, Vol. II, Milan, 2012, p. 35).