拍品專文
Chroniqueur insatiable et infatigable du Paris de la fn de l’Ancien Régime, à l’instar de Sébastien Mercier pour la littérature, témoin d’un monde disparu et fascinant, Gabriel de Saint-Aubin, l’artiste au « cent mille dessins », a fait l’objet en 2007 et 2008 d’une rétrospective majeure (New York, The Frick collection ; Paris, musée du Louvre) qui a permis de réhabiliter son nom et son statut.
Saint-Aubin fut un dessinateur, un graveur et un peintre prolifique dont le caractère indépendant, la grande curiosité – aussi bien envers les grands évènements qu’envers la vie des rues de Paris –, et la finesse de perception ont conféré une place majeure dans l’art français de la seconde moitié du XVIIIe siècle, en marge sans doute d’une vision plus officielle, mais dont l’importance et le charme ne peuvent aujourd’hui plus être négligés.
L’intérêt de Saint-Aubin se porta vers de nombreux aspects de la vie sociale et mondaine de Paris. Parmi ceux-ci, le monde du plaisir, des fêtes et des divertissements fut sans conteste l’un des plus importants. Le Bal masqué représenté ici en est un des exemples les plus marquants et les plus accomplis. Le spectateur est introduit au sein d’une assemblée festive de masques et de danseurs alors qu’un bal bat son plein. La scène fut d’ailleurs rapprochée par Raymond Cogniat de la fête chinoise qui fut organisée au Colisée le 11 juillet 1772 (Cogniat, 1943, p. 8). L’identification des lieux ici représentés avec la rotonde du célèbre Colisée doit cependant être considérée avec précaution. S’il ne fait pas de doute que Saint-Aubin s’est inspiré de la salle principale de ce lieu de plaisir et de divertissement qu’il a croqué dans de très nombreux dessins, l’artiste semble, comme souvent, avoir laissé libre cours à sa fantaisie en transformant sensiblement la salle, jouant avec une sensibilité toute rococo des courbes et contre-courbes des colonnades et de l’édicule central, dans un schéma qui rappelle sa célèbre Naumachie (gravée par Bovet, ill. 1).
Les points de comparaison entre ce petit – et néanmoins ambitieux – tableau avec d’autres œuvres de l’artiste sont innombrables. L’on y trouve par exemple au premier plan – mais cette fois de dos – la figure d’un danseur en costume de Momus, auquel Saint-Aubin a consacré une magnifique feuille conservée à la Pierpont Morgan Library de New York (inv. 1954.9). D’autres figures qui peuplent ses dessins mais également ses tableaux trouvent un écho ici, ainsi la figure agenouillée au premier plan qui présente au sultan un plateau et qui reprend en l’inversant celle du Laban cherchant ses idoles du musée de Cleveland (inv. 1965.548). Quant au traitement pictural, il se rapproche d’une autre petite huile de Saint-Aubin représentant une Assemblée au concert (Christie’s Paris, Comte et comtesse Niel, une Passion partagée, 16 avril 2012, lot 116).
Sur un format restreint mais fort d’une composition habile et cohérente, faisant preuve d’une main souple et presque plus sûre qu’à son habitude, Saint-Aubin concentre ici avec talent toute la fantaisie d’un monde aujourd’hui perdu.
Saint-Aubin fut un dessinateur, un graveur et un peintre prolifique dont le caractère indépendant, la grande curiosité – aussi bien envers les grands évènements qu’envers la vie des rues de Paris –, et la finesse de perception ont conféré une place majeure dans l’art français de la seconde moitié du XVIIIe siècle, en marge sans doute d’une vision plus officielle, mais dont l’importance et le charme ne peuvent aujourd’hui plus être négligés.
L’intérêt de Saint-Aubin se porta vers de nombreux aspects de la vie sociale et mondaine de Paris. Parmi ceux-ci, le monde du plaisir, des fêtes et des divertissements fut sans conteste l’un des plus importants. Le Bal masqué représenté ici en est un des exemples les plus marquants et les plus accomplis. Le spectateur est introduit au sein d’une assemblée festive de masques et de danseurs alors qu’un bal bat son plein. La scène fut d’ailleurs rapprochée par Raymond Cogniat de la fête chinoise qui fut organisée au Colisée le 11 juillet 1772 (Cogniat, 1943, p. 8). L’identification des lieux ici représentés avec la rotonde du célèbre Colisée doit cependant être considérée avec précaution. S’il ne fait pas de doute que Saint-Aubin s’est inspiré de la salle principale de ce lieu de plaisir et de divertissement qu’il a croqué dans de très nombreux dessins, l’artiste semble, comme souvent, avoir laissé libre cours à sa fantaisie en transformant sensiblement la salle, jouant avec une sensibilité toute rococo des courbes et contre-courbes des colonnades et de l’édicule central, dans un schéma qui rappelle sa célèbre Naumachie (gravée par Bovet, ill. 1).
Les points de comparaison entre ce petit – et néanmoins ambitieux – tableau avec d’autres œuvres de l’artiste sont innombrables. L’on y trouve par exemple au premier plan – mais cette fois de dos – la figure d’un danseur en costume de Momus, auquel Saint-Aubin a consacré une magnifique feuille conservée à la Pierpont Morgan Library de New York (inv. 1954.9). D’autres figures qui peuplent ses dessins mais également ses tableaux trouvent un écho ici, ainsi la figure agenouillée au premier plan qui présente au sultan un plateau et qui reprend en l’inversant celle du Laban cherchant ses idoles du musée de Cleveland (inv. 1965.548). Quant au traitement pictural, il se rapproche d’une autre petite huile de Saint-Aubin représentant une Assemblée au concert (Christie’s Paris, Comte et comtesse Niel, une Passion partagée, 16 avril 2012, lot 116).
Sur un format restreint mais fort d’une composition habile et cohérente, faisant preuve d’une main souple et presque plus sûre qu’à son habitude, Saint-Aubin concentre ici avec talent toute la fantaisie d’un monde aujourd’hui perdu.