拍品專文
Ayant fait partie de la prestigieuse collection du Vicomte de l’Espine, grand amateur de l’artiste dont il possédait de nombreuses œuvres, passée pour la dernière fois en vente publique en 1933, cette toile est une redécouverte majeure pour la reconstitution de l’œuvre du paysagiste français Pierre-Henri de Valenciennes. Il s’agit d’un de ses premiers tableaux exposés au Salon, deux ans seulement après sa Réception au sein de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Valenciennes y développe dans un paysage grandiose un sujet classique, celui de Philoctète, héros grec abandonné par ses pairs sur l’île de Lemnos et auquel Héraklès avait confié, avant de mourir, ses flèches magiques qui seules pouvaient offrir la victoire des Argiens sur les Troyens. Le livret du catalogue détaille avec précision la scène représentée, tirée probablement de la tragédie éponyme de Sophocle par Valenciennes : « Vers la dixième année du siège de Troies, les Grecs ayant appris de l’Oracle qu’ils ne pourroient prendre cette ville, si Philoctète, qu’ils avoient abandonné dans l’isle de Lemnos à cause de l’infection de sa plaie, ne leur apportoit les flèches d’Hercule, députèrent vers lui Ulysse et Pyrrhus.»
La composition, ambitieuse et parfaitement représentative du renouveau du paysage peint en France à la fin du XVIIIe siècle, offre un panorama qui se détourne des maniérismes et de l’anti-naturalisme rococo pour adopter une plus grande rigueur de construction, s’inspirant de la tradition classique instaurée par Poussin et Claude au XVIIe siècle. Immédiatement lisible et concentrée sur l’essentiel – le débarquement sur la gauche de Pyrrhus et d’Ulysse et la figure de Philoctète à droite aérant sa plaie purulente à l’aide d’une aile d’oiseau – la scène se déploie depuis la mer et les rivages de l’île jusqu’aux cimes escarpées des montagnes perdues dans la brume (réminiscence sans doute des derniers grands paysages de Poussin, en particulier du Paysage avec Hercule et Cacus du musée Pouchkine).
C’est là l’œuvre d’un peintre déjà confirmé, sûr de ses principes. Valenciennes est en effet rentré quatre ans auparavant d’une Italie où il a passé presque sept années et où il a mûri patiemment, sans doute sous l’influence de David, présent lui aussi à la même époque à Rome, l’élaboration d’un type nouveau de paysage classique.
La composition, ambitieuse et parfaitement représentative du renouveau du paysage peint en France à la fin du XVIIIe siècle, offre un panorama qui se détourne des maniérismes et de l’anti-naturalisme rococo pour adopter une plus grande rigueur de construction, s’inspirant de la tradition classique instaurée par Poussin et Claude au XVIIe siècle. Immédiatement lisible et concentrée sur l’essentiel – le débarquement sur la gauche de Pyrrhus et d’Ulysse et la figure de Philoctète à droite aérant sa plaie purulente à l’aide d’une aile d’oiseau – la scène se déploie depuis la mer et les rivages de l’île jusqu’aux cimes escarpées des montagnes perdues dans la brume (réminiscence sans doute des derniers grands paysages de Poussin, en particulier du Paysage avec Hercule et Cacus du musée Pouchkine).
C’est là l’œuvre d’un peintre déjà confirmé, sûr de ses principes. Valenciennes est en effet rentré quatre ans auparavant d’une Italie où il a passé presque sept années et où il a mûri patiemment, sans doute sous l’influence de David, présent lui aussi à la même époque à Rome, l’élaboration d’un type nouveau de paysage classique.