拍品專文
Cette oeuvre sera incluse dans le catalogue raisonné des peintures sur papier de Soulages de Pierre Encrevé, actuellement en préparation.
« Pour lui, comme pour les cisterciens, l’art de peindre ou de bâtir ne saurait tendre à montrer un spectacle, à narrer ni-même à simplement suggérer un récit de soi-même ou des autres, à développer des variations sur l’illusoire. Sa fonction première est de signifier l’indicible. »
“For him, as for the Cistercians, the art of painting or building cannot extend to putting on a show, tell a story nor even to simply suggest an account of oneself or others, to develop variations on the illusory. His primary function is to express the inexpressible.”
Georges Duby
Collection Georges et Andrée Duby
« Sa fonction première est de signifier l’indicible. » écrit Georges Duby à propos de Pierre Soulages. Complices, les deux hommes appartiennent à la même génération, nés tous deux la même année 1919 à seulement deux mois d’intervalle. Historien émérite et spécialisé dans l’étude de la période médiévale, Duby fut pendant plus de vingt ans à la tête de la chaire d’histoire des sociétés médiévales du Collège de France. Dès leur première rencontre, ils s’accordent sur une même passion pour l’art roman. Soulages se reconnait en effet plus dans l’architecture, le travail de la pierre et l’artisanat médiéval que dans la peinture contemporaine. Il accorde notamment une très grande importance à l’architecture de l’Abbaye de Sainte-Foy-de-Conques qui lui offrit sa première révélation artistique encore enfant et pour laquelle – plus de quarante ans plus tard - il réalisera ses fameux vitraux, en 1986 : « On ne se rend pas compte à quel point tout ce que je fais est lié à mes travaux de Conques. C’est même là, je peux le dire que tout jeune j’ai décidé que l’art serait la chose la plus importante de ma vie. ».
Le regard que Georges Duby porte sur l’œuvre de Soulages est inédit puisqu’il l’aborde en historien avec comme point de référence non pas l’art du XXème Siècle mais les réflexions cisterciennes menées sur l’art aux X et XIème Siècles. Comme le souligne Michel Ragon, « l’étude de Georges Duby est originale, l’une des meilleures approches qui ait été faites de l’art de Soulages. » (M. Ragon, Les Ateliers de Soulages, Paris, 2004, p. 93). L’historien analyse ainsi sa peinture en tenant compte des orientations profondes qui animent la démarche de l’artiste et tout particulièrement le dépouillement volontaire, ascétique, de l’emploi du noir à partir de 1979. « L’esthétique cistercienne se fonde sur un triple renoncement. A la couleur, qui est sensualité. Au trait, dont les accents sont l’expression d’une sensibilité individuelle que la démarche ascétique entend maîtriser. A la figuration, puisque l’apparence des choses n’est qu’un masque plaqué sur la vraie réalité, laquelle seule mérite attention… Peut-être n’existe-t-il qu’une peinture cistercienne : celle de Soulages… En effet, Soulages refuse lui aussi « tout ce qui est au-dehors ». » (G. Duby, « Soulages », in Les Cahiers du musée d’Art moderne, No. 3, Paris, 1980).
Amateurs éclairés, Georges et Andrée Duby ont ainsi pu constituer une collection d’œuvres provenant d’artistes qu’ils ont aimés, admirés et côtoyés à l’image de Pierre Soulages et Zao Wou-Ki, mais également Olivier Debré, André Masson ou encore Maria Helena Vieira da Silva. La peinture fut ainsi un compagnon de vie indissociable de leurs écrits et recherches. Georges Duby aimait d’ailleurs à rappeler que « transmettre une émotion devant les vestiges d’un passé relève de l’art. »
“His primary function is to express the inexpressible.” wrote Georges Duby about Pierre Soulages. These partners in crime belong to the same generation, both born in the same year in 1919 only two months apart. Historian emeritus and a specialist in the study of the mediaeval period, for more than twenty years Duby held the Chair of the history of mediaeval societies at the Collège de France. From their first encounter they discovered a shared passion for Romanesque art. Soulages acknowledged being influenced more by architecture, work in stone and mediaeval craftsmanship than contemporary paintings. In particular he placed very great importance on the architecture of the Abbey of Sainte-Foy-de-Conques which offered him his first artistic revelation when he was still a child and for which – more than forty years later - he would make its celebrated stained glass windows, in 1986: “People do not realise just how much everything I do is linked to my work for Conques. I can even say that it was here when I was very young I decided that art would be the most important thing in my life.”
It is not known how Georges Duby viewed Soulages’ work since he approached him as a historian with the point of reference not the art of the 20th century but Cistercian reflections on art in the 10th and 11th centuries. As Michel Ragon stresses, “Georges Duby’s study is original, one of the best approaches to Soulages’ art that has been made.” (M. Ragon, Les Ateliers de Soulages, Paris, 2004, p. 93). The historian analysed his painting taking account of the profound attitudes that drove the artist’s practicea and particularly the deliberate, ascetic austerity and the use of black from 1979. “The Cistercian aesthetic is based on a threefold renunciation: of colour, which is sensuality; of line, whose emphases are the expression of an individual sensibility that the ascetic approach sets out to master; of figuration, since the appearance of things is only a mask veneered on to true reality, which alone merits attention… Perhaps there is only one Cistercian style of painting: that of Soulages… In fact, Soulages too rejected “everything that is outward”. » (G. Duby, “Soulages”, in Les Cahiers du musée d’Art moderne, No. 3, Paris, 1980).
Enlightened amateurs, Georges and Andrée Duby were thus able to build a collection of works by artists they liked, admired and mixed with, like Pierre Soulages and Zao Wou-Ki, but also Olivier Debré, André Masson and Maria Helena Vieira da Silva. Painting thus a companion in life inseparable frin their writing and research work. Georges Duby used to like to recall that “conveying an emotion before the vestiges of a past enhances the art. »
« Pour lui, comme pour les cisterciens, l’art de peindre ou de bâtir ne saurait tendre à montrer un spectacle, à narrer ni-même à simplement suggérer un récit de soi-même ou des autres, à développer des variations sur l’illusoire. Sa fonction première est de signifier l’indicible. »
“For him, as for the Cistercians, the art of painting or building cannot extend to putting on a show, tell a story nor even to simply suggest an account of oneself or others, to develop variations on the illusory. His primary function is to express the inexpressible.”
Georges Duby
Collection Georges et Andrée Duby
« Sa fonction première est de signifier l’indicible. » écrit Georges Duby à propos de Pierre Soulages. Complices, les deux hommes appartiennent à la même génération, nés tous deux la même année 1919 à seulement deux mois d’intervalle. Historien émérite et spécialisé dans l’étude de la période médiévale, Duby fut pendant plus de vingt ans à la tête de la chaire d’histoire des sociétés médiévales du Collège de France. Dès leur première rencontre, ils s’accordent sur une même passion pour l’art roman. Soulages se reconnait en effet plus dans l’architecture, le travail de la pierre et l’artisanat médiéval que dans la peinture contemporaine. Il accorde notamment une très grande importance à l’architecture de l’Abbaye de Sainte-Foy-de-Conques qui lui offrit sa première révélation artistique encore enfant et pour laquelle – plus de quarante ans plus tard - il réalisera ses fameux vitraux, en 1986 : « On ne se rend pas compte à quel point tout ce que je fais est lié à mes travaux de Conques. C’est même là, je peux le dire que tout jeune j’ai décidé que l’art serait la chose la plus importante de ma vie. ».
Le regard que Georges Duby porte sur l’œuvre de Soulages est inédit puisqu’il l’aborde en historien avec comme point de référence non pas l’art du XXème Siècle mais les réflexions cisterciennes menées sur l’art aux X et XIème Siècles. Comme le souligne Michel Ragon, « l’étude de Georges Duby est originale, l’une des meilleures approches qui ait été faites de l’art de Soulages. » (M. Ragon, Les Ateliers de Soulages, Paris, 2004, p. 93). L’historien analyse ainsi sa peinture en tenant compte des orientations profondes qui animent la démarche de l’artiste et tout particulièrement le dépouillement volontaire, ascétique, de l’emploi du noir à partir de 1979. « L’esthétique cistercienne se fonde sur un triple renoncement. A la couleur, qui est sensualité. Au trait, dont les accents sont l’expression d’une sensibilité individuelle que la démarche ascétique entend maîtriser. A la figuration, puisque l’apparence des choses n’est qu’un masque plaqué sur la vraie réalité, laquelle seule mérite attention… Peut-être n’existe-t-il qu’une peinture cistercienne : celle de Soulages… En effet, Soulages refuse lui aussi « tout ce qui est au-dehors ». » (G. Duby, « Soulages », in Les Cahiers du musée d’Art moderne, No. 3, Paris, 1980).
Amateurs éclairés, Georges et Andrée Duby ont ainsi pu constituer une collection d’œuvres provenant d’artistes qu’ils ont aimés, admirés et côtoyés à l’image de Pierre Soulages et Zao Wou-Ki, mais également Olivier Debré, André Masson ou encore Maria Helena Vieira da Silva. La peinture fut ainsi un compagnon de vie indissociable de leurs écrits et recherches. Georges Duby aimait d’ailleurs à rappeler que « transmettre une émotion devant les vestiges d’un passé relève de l’art. »
“His primary function is to express the inexpressible.” wrote Georges Duby about Pierre Soulages. These partners in crime belong to the same generation, both born in the same year in 1919 only two months apart. Historian emeritus and a specialist in the study of the mediaeval period, for more than twenty years Duby held the Chair of the history of mediaeval societies at the Collège de France. From their first encounter they discovered a shared passion for Romanesque art. Soulages acknowledged being influenced more by architecture, work in stone and mediaeval craftsmanship than contemporary paintings. In particular he placed very great importance on the architecture of the Abbey of Sainte-Foy-de-Conques which offered him his first artistic revelation when he was still a child and for which – more than forty years later - he would make its celebrated stained glass windows, in 1986: “People do not realise just how much everything I do is linked to my work for Conques. I can even say that it was here when I was very young I decided that art would be the most important thing in my life.”
It is not known how Georges Duby viewed Soulages’ work since he approached him as a historian with the point of reference not the art of the 20th century but Cistercian reflections on art in the 10th and 11th centuries. As Michel Ragon stresses, “Georges Duby’s study is original, one of the best approaches to Soulages’ art that has been made.” (M. Ragon, Les Ateliers de Soulages, Paris, 2004, p. 93). The historian analysed his painting taking account of the profound attitudes that drove the artist’s practicea and particularly the deliberate, ascetic austerity and the use of black from 1979. “The Cistercian aesthetic is based on a threefold renunciation: of colour, which is sensuality; of line, whose emphases are the expression of an individual sensibility that the ascetic approach sets out to master; of figuration, since the appearance of things is only a mask veneered on to true reality, which alone merits attention… Perhaps there is only one Cistercian style of painting: that of Soulages… In fact, Soulages too rejected “everything that is outward”. » (G. Duby, “Soulages”, in Les Cahiers du musée d’Art moderne, No. 3, Paris, 1980).
Enlightened amateurs, Georges and Andrée Duby were thus able to build a collection of works by artists they liked, admired and mixed with, like Pierre Soulages and Zao Wou-Ki, but also Olivier Debré, André Masson and Maria Helena Vieira da Silva. Painting thus a companion in life inseparable frin their writing and research work. Georges Duby used to like to recall that “conveying an emotion before the vestiges of a past enhances the art. »