展覽
Munich, Haus der Kunst et Paris, Musée des arts décoratifs, Der surrealismus, 1922-1942, mars-août 1972, p. 86, no. 448 (illustré).
Paris, Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou; Baden-Baden, Staatliche Kunsthalle et New York, The Solomon R. Guggenheim Museum, Yves Tanguy, Rétrospective, 1925-1955, juin 1982-janvier 1983, p. 113, no. 64 (illustré).
Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Passions privées. Collections particulières d'art moderne et contemporain en France, décembre 1995-mars 1996, p. 195, no. 56 (illustré, p. 198).
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«Le peintre d’une terrible grâce, dans l’air, sous la terre et sur la mer».
“The painter of a terrible grace, in the air, below the ground and on the sea”. André Breton
Les années 1930 ont été une période charnière pour l’artiste surréaliste Yves Tanguy. Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions majeures, que ce soit monographiques ou en groupe, au sein du musée d’art moderne de San Francisco, à la Julien Levy Gallery de New York, ou encore aux New Burlington Galleries de Londres, qui ont accueilli l’International Surrealist Exhibition. Yves Tanguy est l’auteur révéré de visions révélatoires et redoutables qui ont forgé le mouvement surréaliste tout au long des années 1930. Grâce à une ascension vertigineuse, en 1936, année de la réalisation de Sans titre, Yves Tanguy était déjà célèbre et fortuné. «Rêveur à l’état pur» selon André Breton, Yves Tanguy, plus que tout autre artiste avant lui, a imaginé et représenté d’une manière saisissante l’inconscient comme un lieu. En suivant les pas du psychanalyste Carl Jung, qui incitait ses patients à commencer par raconter leurs rêves, avant d’en sortir progressivement, Tanguy peignait tout d’abord ses fonds avant de les peupler d’étranges formes, tantôt osseuses, tantôt végétales. Comme en témoigne la présente gouache, son paysage lunaire et onirique semble imprégné de l’esprit à la fois énigmatique, expectatif et pourtant évasif de de Chirico, et empli de mystère et d’une puissance cryptique. «La géographie n’a pas de repères» et il en va de même pour les terrains vagues et éthérés de Tanguy qui défient toute interprétation explicite et évoquent au contraire un jeu d’associations qui éveille l’imagination et les émotions du spectateur. Inexorable, inépuisable, impénétrable et à la fois incroyablement dévorant, Tanguy proclamait : «De la fin du monde jusqu’au crépuscule de ce jour/ Rien ne peut résister à mes images désolées» (cité in P. Éluard, Yves Tanguy, Londres, 1938). Le détournement magistral de l’échelle et de la perspective, ainsi que l’identification cruellement partielle des «sujets-objets» de Tanguy contribuent à l’effet hallucinatoire de Sans titre. Peut-être inspirés des souvenirs de son enfance passée sur les côtes bretonnes, les conglomérats hybrides de Tanguy, tantôt marins, tantôt osseux, sont rendus de manière méticuleusement impressionnante. Bien qu’ayant laissé de côté les éléments flottants du milieu des années 1930 pour des formes placées sur le sol ou entassées les unes sur les autres sans démarcation de l’espace, ici, les éléments semblent spectraux et pourtant capables de projeter une ombre massive; ils flottent dans l’espace tout en étant liés à une plaine vaseuse.
Exemple intime des créations idiosyncrasiques pour lesquelles Yves Tanguy est renommé et auxquelles Dalí doit beaucoup - dans ses chefs d'œuvre à l'horizon bas datant des années 1930 - Sans titre fut offert en 1936 par l’artiste à Violette Boglio, épouse de Jacques Hérold, autre artiste surréaliste, l’année de leur mariage.
For the surrealist artist Yves Tanguy the 1930s was a momentous decade. The subject of major solo and group exhibitions at San Francisco’s Museum of Modern Art, New York’s Julien Levy Gallery and Museum of Modern Art as well as London’s New Burlington Galleries,Tanguy was the celebrated author of revelatory and redoubtable visions that would shape the Surrealist movement throughout the 1930s. Nothing short of vertiginous, Tanguy’s trajectory meant that by 1936, the same year in which Sans titre was executed, the artist lacked neither wealth nor fame. “The purest dreamer”, according to André Breton, Tanguy imagined and depicted the unconscious as a physical place. Taking his cue from the psychoanalyst Carl Jung, who urged his patients to begin with their dream, and work outwards, Tanguy painted his preparatory backgrounds first before populating them with strange alternately osseous and vegetal formations. As in Sans titre, his lunar-like dreamscapes seem imbued with the spirit of de Chirico, enigmatic, expectant and yet evasive, mysterious, full of cryptic potential. Just as geography has no bearing on Tanguy’s otherworldly wastelands so too do they defy explicit interpretation, evoking instead a range of associations that engage the viewer's imagination and emotions. Inexorable, inexhaustible, impenetrable and yet somehow impossibly all consuming, Tanguy proclaimed: “From the ends of the earth to the twilight of today/Nothing can withstand my desolate images” (quoted in P. Éluard, Yves Tanguy, Londres, 1938).
The masterful manipulation of scale and perspective as well as the tantalisingly partial recognisability of Tanguy’s “subject-objects” contribute to Sans titre's hallucinatory effect. Perhaps inspired by childhood memories of Brittany’s Atlantic coastline, Tanguy’s hybrid part marine, part osseous conglomerations are meticulously rendered. Despite having moved away, by the mid-1930s, from depicting floating elements in favour of forms placed on the ground or heaped on top of one another, without any definite demarcation of space those captured in Sans titre seem at once spectral and yet, possessing the ability to cast shadow and thus simultaneously to float in space and bound to a shifting silt-like plain.
An intimate example of the idiosyncratic creations for which Tanguy is renowned and to which Dalí was much indebted (having elaborated upon Tanguy’s low, distant horizons in the creation of his 1930s masterpieces), Sans titre was gifted by the artist to Violette Boglio, wife of fellow Surrealist, Jacques Hérold in 1936, the year in which the two were married.