拍品專文
Cette oeuvre, répertoriée aux Archives Geer van Velde sous le no. 118199, sera incluse au Catalogue Raisonné de l’artiste actuellement en préparation par Monsieur Pierre François Moget.
Un certificat de Monsieur Piet Moget en date du 10-09-2006 sera remis à l’acquéreur.
« Pour chaque tableau, c’est une lutte sans merci. »
‘ For each of my paintings, it is a relentless battle.’
Geer van Velde
C’est sous les atours d’une peinture à l’épure apaisé que l’oeuvre de Geer van Velde semble se laisser aborder au premier regard. Néanmoins, l’apparent calme – le silence contenu qui s’en dégage – n’est en réalité que le résultat d’un âpre combat mené par le peintre pendant plus de vingt ans. En effet, la carrière de van Velde présente la singularité d’être scindée en deux : une première période jusque vers 1938 où sa peinture confère encore au sujet et à son expression une part essentielle, et puis une rupture en 1946 où – reniant la majorité de sa production à l’exception de quelques toiles – il se libère de la représentation sans pour autant y renoncer totalement. Geer van Velde ne cède pas alors aux sirènes de l’abstraction, il en tire ce qu’elle a de meilleur à offrir : formes géométriques pures, juxtaposition de plans colorés, abolition de la perspective, liberté de la composition. Mais il ne se détourne pas pour autant du sujet, il cherche à le transcender. « Geer n’abandonna jamais le recours au réel. La nature était pour lui le troisième partenaire, le tableau étant le véritable et principal adversaire, l’objet d’une constante ordalie qui fonde et justifie l’activité picturale. » écrit Germain Viatte.
À ce titre, Composition est sans doute l’une des oeuvres les plus remarquables jamais présentées aux enchères tant par son exceptionnel format que par la maturité qui se dégage de sa construction. Appartenant à l’une des rares séries réalisées par l’artiste, celle des Grands ateliers à laquelle il travaille entre 1948 et 1952, cette toile reflète sa capacité à rendre compte d’une réalité tout en la décomposant. On songe alors à son ainé et compatriote Mondrian qui explora la même voie avant de basculer dans une abstraction absolue. Sujet intime, la question de l’atelier est également l’occasion pour van Velde d’établir un manifeste de sa peinture. « Il m’arrive parfois de rester assis des journées ou des semaines devant ma toile avant d’oser l’attaquer. Avant qu’elle ne me laisse entrer. » confie-t-il. Ici, aucun élément n’est à proprement parler figuratif mais plus une forme de projection de l’image de l’atelier. Van Velde y applique une technique qui lui est propre reposant sur une préparation minutieuse des sous-couches de la toile afin de créer un apprêt qui offre une résistance à l’huile appliquée. Chez lui, la couleur ne glisse pas sur la toile, elle est la résultante d’un frottement du pinceau qui confère à la surface cette vibration unique, une lumière interne au tableau. « C’est une question de lumière, celle qui brise les couleurs. Et il existe un mouvement qui traverse la lumière, c’est cela qui crée la tension. […] Je cherche l’espace absolu. En fin de compte, tout ce que je fais est une image de moi-même. ».
At first glance, Geer van Velde’s work draws our attention to arrays of mellow diagrams. But this apparent calm, this framed silence his works exhibit, actually results from an intense struggle the painter endured for over twenty years. Indeed, a unique feature of van Velde’s career is its divisibility into two chapters. During the artist’s initial period, up to around 1938, his portrayals still largely expressed subject matter. In 1946, a radical turn heralded a second phase: disowning most of his artwork bar a few paintings, van Velde broke loose from representation, yet never really relinquished it. While not yielding to abstraction, he seized the best it had to offer: pure geometric shapes, colourful forms juxtaposed, perspective abolished and freedom of composition. Even so, he did not neglect subject matter. Rather, he sought to transcend it. As Germain Viatte wrote, “Geer never abandoned a resort to reality. For him, nature was a third partner while the canvas was the true foe, the focus of a constant ordeal grounding and justifying pictorial pursuits.
In this respect, Composition is doubtless one of the most remarkable works ever displayed in the auctions, both because of its outstanding form and the maturity expressed in its construction. The painting belongs to one of the artist’s rare series: Grands Ateliers, produced between 1948 and 1952. It reflects van Velde’s flair for depicting a reality while breaking it down. We are therefore reminded of his elder compatriot, Piet Mondrian, who explored the same path before turning to total abstraction. The subject matter – the studio – was a personal theme for van Velde and gave him a chance to share his artistic manifesto behind the works. “Sometimes I stay seated in front of my canvas for days or weeks before tackling it. Before it lets me in,” he revealed. Nothing here is strictly figurative; the artwork is rather a projection of the studio’s image. In this portrayal, van Velde used a technique peculiar to him: meticulous preparation of canvas primers to produce a coating resistant to oil paints. In his works, colours do not slide upon the canvas but emerge as the paintbrush rubs against it, endowing the surface with a distinctive resonance: brightness from within the painting. “It is a matter of light, that which breaks up colours. And there is a movement that goes through light: this produces the tension. […] I seek absolute space. Ultimately, all that I create mirrors myself”.
Un certificat de Monsieur Piet Moget en date du 10-09-2006 sera remis à l’acquéreur.
« Pour chaque tableau, c’est une lutte sans merci. »
‘ For each of my paintings, it is a relentless battle.’
Geer van Velde
C’est sous les atours d’une peinture à l’épure apaisé que l’oeuvre de Geer van Velde semble se laisser aborder au premier regard. Néanmoins, l’apparent calme – le silence contenu qui s’en dégage – n’est en réalité que le résultat d’un âpre combat mené par le peintre pendant plus de vingt ans. En effet, la carrière de van Velde présente la singularité d’être scindée en deux : une première période jusque vers 1938 où sa peinture confère encore au sujet et à son expression une part essentielle, et puis une rupture en 1946 où – reniant la majorité de sa production à l’exception de quelques toiles – il se libère de la représentation sans pour autant y renoncer totalement. Geer van Velde ne cède pas alors aux sirènes de l’abstraction, il en tire ce qu’elle a de meilleur à offrir : formes géométriques pures, juxtaposition de plans colorés, abolition de la perspective, liberté de la composition. Mais il ne se détourne pas pour autant du sujet, il cherche à le transcender. « Geer n’abandonna jamais le recours au réel. La nature était pour lui le troisième partenaire, le tableau étant le véritable et principal adversaire, l’objet d’une constante ordalie qui fonde et justifie l’activité picturale. » écrit Germain Viatte.
À ce titre, Composition est sans doute l’une des oeuvres les plus remarquables jamais présentées aux enchères tant par son exceptionnel format que par la maturité qui se dégage de sa construction. Appartenant à l’une des rares séries réalisées par l’artiste, celle des Grands ateliers à laquelle il travaille entre 1948 et 1952, cette toile reflète sa capacité à rendre compte d’une réalité tout en la décomposant. On songe alors à son ainé et compatriote Mondrian qui explora la même voie avant de basculer dans une abstraction absolue. Sujet intime, la question de l’atelier est également l’occasion pour van Velde d’établir un manifeste de sa peinture. « Il m’arrive parfois de rester assis des journées ou des semaines devant ma toile avant d’oser l’attaquer. Avant qu’elle ne me laisse entrer. » confie-t-il. Ici, aucun élément n’est à proprement parler figuratif mais plus une forme de projection de l’image de l’atelier. Van Velde y applique une technique qui lui est propre reposant sur une préparation minutieuse des sous-couches de la toile afin de créer un apprêt qui offre une résistance à l’huile appliquée. Chez lui, la couleur ne glisse pas sur la toile, elle est la résultante d’un frottement du pinceau qui confère à la surface cette vibration unique, une lumière interne au tableau. « C’est une question de lumière, celle qui brise les couleurs. Et il existe un mouvement qui traverse la lumière, c’est cela qui crée la tension. […] Je cherche l’espace absolu. En fin de compte, tout ce que je fais est une image de moi-même. ».
At first glance, Geer van Velde’s work draws our attention to arrays of mellow diagrams. But this apparent calm, this framed silence his works exhibit, actually results from an intense struggle the painter endured for over twenty years. Indeed, a unique feature of van Velde’s career is its divisibility into two chapters. During the artist’s initial period, up to around 1938, his portrayals still largely expressed subject matter. In 1946, a radical turn heralded a second phase: disowning most of his artwork bar a few paintings, van Velde broke loose from representation, yet never really relinquished it. While not yielding to abstraction, he seized the best it had to offer: pure geometric shapes, colourful forms juxtaposed, perspective abolished and freedom of composition. Even so, he did not neglect subject matter. Rather, he sought to transcend it. As Germain Viatte wrote, “Geer never abandoned a resort to reality. For him, nature was a third partner while the canvas was the true foe, the focus of a constant ordeal grounding and justifying pictorial pursuits.
In this respect, Composition is doubtless one of the most remarkable works ever displayed in the auctions, both because of its outstanding form and the maturity expressed in its construction. The painting belongs to one of the artist’s rare series: Grands Ateliers, produced between 1948 and 1952. It reflects van Velde’s flair for depicting a reality while breaking it down. We are therefore reminded of his elder compatriot, Piet Mondrian, who explored the same path before turning to total abstraction. The subject matter – the studio – was a personal theme for van Velde and gave him a chance to share his artistic manifesto behind the works. “Sometimes I stay seated in front of my canvas for days or weeks before tackling it. Before it lets me in,” he revealed. Nothing here is strictly figurative; the artwork is rather a projection of the studio’s image. In this portrayal, van Velde used a technique peculiar to him: meticulous preparation of canvas primers to produce a coating resistant to oil paints. In his works, colours do not slide upon the canvas but emerge as the paintbrush rubs against it, endowing the surface with a distinctive resonance: brightness from within the painting. “It is a matter of light, that which breaks up colours. And there is a movement that goes through light: this produces the tension. […] I seek absolute space. Ultimately, all that I create mirrors myself”.