JEAN-PAUL RIOPELLE (1923-2002)
JEAN-PAUL RIOPELLE (1923-2002)

Sans titre

Details
JEAN-PAUL RIOPELLE (1923-2002)
Sans titre
signé et daté 'Riopelle 49' (en bas à droite)
huile sur toile
100 x 81 cm. (39 3/8 x 31 7/8 in.)
Peint en 1949.
Provenance
Collection privée
Galerie Hopkins, Paris
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel
Literature
Y. Riopelle, Jean-Paul Riopelle, Catalogue raisonné 1939-1953 Tome 1, Montréal, 1999, No. 1949.008H.1949 (illustré en couleurs p. 369).
Exhibited
Minneapolis, Walker Art Center, School of Paris 1959, The Internationals, avril-mai 1959, No. 35.
Barcelone, Museu d'art Contemporani de Barcelona MACBA, Be-Bomb: The Transatlantic War of images and all that Jazz, 1946-1956, octobre 2007-janvier 2008 (illustré en couleurs p. 551).
Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon, Repartir à zéro, octobre 2008-février 2008.
Further Details
'UNTITLED'; SIGNED AND DATED LOWER RIGHT; OIL ON CANVAS.

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Alexandre Carel
Alexandre Carel

Lot Essay

Peint en 1949, Sans titre est une oeuvre emblématique de la période décisive que représente, pour Riopelle, la toute fin des années 1940. Ce moment marque en effet l'abandon définitif par le peintre de toute référence figurative, ainsi que la mise en place d'un vocabulaire essentiellement fondé sur la spontanéité du geste pictural. La transition qui s'opère est particulièrement palpable dans Sans titre, où l'on retrouve simultanément trois techniques de peintures différentes, chacune étant caractéristique d'un moment distinct dans l'oeuvre de Riopelle: le pinceau (réminiscence de travaux plus anciens), le couteau (qui deviendra progressivement l'outil de prédilection du peintre) et le dripping (que l'on observe uniquement dans cette période charnière des années 1949-1953).
Le parallèle souvent établi entre le travail de Riopelle à cette époque et les recherches menées outre-Atlantique par les peintres de l'expressionnisme abstrait (et au premier desquels figure Jackson Pollock) est ici illustré de façon aiguë. L'usage du dripping chez Riopelle ne sert toutefois pas les mêmes intentions que chez Pollock. Si ce dernier dépose la toile au sol et, ce faisant, s'engage physiquement sur elle et en elle, Riopelle la maintient quant à l ui sur le chevalet, montrant par là que son oeuvre n'est pas une abstraction débridée sans d'autre but que le geste lui-même, mais bien davantage une utilisation du cadre de la peinture pour traduire sur la toile, non pas l'apparence des choses, mais leur signification et les impressions qu'elles engendrent. Surtout, la nature n'est jamais absente du processus créatif à l'oeuvre dans les toiles de Riopelle. C'est ainsi qu'il faut comprendre le peintre lorsqu'il refuse de définir sa peinture comme abstraite: "Abstrait: 'abstrait', 'tirer de', 'faire venir de'... Ma démarche est inverse. Je ne tire pas de la Nature, je vais vers la Nature. " (M. Waldberg in Y. Riopelle, Jean-Paul Riopelle Catalogue raisonné, 1939-1953 Tome I, Montréal, 1999, p. 23). On retrouve d'ailleurs cette conception dans ce dialogue entre l'artiste et Pierre Schneider:
"Alors, quand les gens parlent à ton propos de sentiment de l'espace, c'est faux ?
- Non, mais ça n'a rien à faire avec la nature canadienne. Je ne suis pas le peintre des forêts vierges, des prairies à l'infini... - Soit. Mais ce sentiment de l'espace, alors, tu le trouves dans...
- ...Une feuille d'arbre.
- Une feuille ?
- Ca suffit, hein ? C'est toute la forêt. Le tout, c'est de la voir. Ma conception, ce n'est pas l'abstraction, c'est d'aller vers ça d'un geste libre [...], d'essayer de comprendre ce qu'est la Nature, à partir non pas de la destruction de la Nature, mais vers le monde."

Jean-Paul Riopelle et Pierre Schneider
(Y. Riopelle, Jean-Paul Riopelle Catalogue raisonné, 1939-1953 Tome I, Montréal, 1999, pp. 30 et 31)

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