Hommage à la famille Hessel: mécènes et modèlesVUILLARD CHEZ LES HESSELpar Richard R. Brettell, Ph.D.Directeur Fondateur, The Edith O'Donnell Institute of Art History et the Margaret McDermott Distinguished ChairThe University of Texas at Dallas Le marchand d’art Jos Hessel (1859-1942) et son épouse Lucy (?-1941) occupèrent une place centrale dans la vie personnelle et le cercle d’amis d’Édouard Vuillard entre 1900 et la mort du peintre, en 1940. Leur première rencontre avec Vuillard a lieu en 1895 par l’intermédiaire de Félix Vallotton, mais c’est cinq ans plus tard, lors d’un séjour commun en Suisse, que le couple commence véritablement à dominer la frêle vie sociale de Vuillard, et plus encore après le divorce en 1904 de Misia et Thadée Natanson, ses mécènes des années 1890.Durant ces quatre décennies, l’artiste, le marchand d’art et Lucy, sa muse, vont vieillir ensemble, passer des étés ensemble, voyager ensemble, partager des repas et développer une amitié qui connaîtra des hauts et des bas, comme dans toute relation humaine vouée à perdurer, mais qui sera fondée sur la confiance et l’acceptation de la complexité des émotions. L’on imagine aisément combien il peut être difficile de mener «un ménage à trois». Ils y parvinrent pourtant pendant quarante ans. Si les Hessel étaient plus âgés que lui, Vuillard fut le premier à s’éteindre en 1940, suivi de Lucy en 1941 et de Jos en 1942.Comme beaucoup d’amis de Vuillard, les Hessel étaient juifs. Ils introduisirent le peintre – six ans plus jeune que Jos – dans leur cercle de riches commerçants, industriels, inventeurs et écrivains juifs, qui allaient soutenir Vuillard jusqu’à la fin de ses jours. Les boudoirs et salles à manger des Hessel, rue de Rivoli puis rue de Naples, dans le luxueux 8e arrondissement, ainsi que les multiples maisons de campagne qu’ils louaient en Île De France, Normandie et en Bretagne, apparaissent à d’innombrables reprises dans les dessins, photographies, pastels, tableaux de chevalet et grands formats de Vuillard tout au long du XXe siècle.Deux femmes dominent l'œuvre de Vuillard au cours du XXe siècle : sa mère et sa muse Lucy Hessel, qui fut probablement aussi son amante. On la voit tantôt assise tantôt debout, dînant, lisant, bavardant, marchant ou encore dormant. Madame Hessel est omniprésente dans l'œuvre de l’artiste, et, lorsqu’une femme non identifiée apparaît dans son œuvre, il s’agit le plus souvent de Lucy. Dans le catalogue raisonné de Vuillard, pas moins de 105 œuvres font en effet mention de Madame Hessel dans leur titre.Aujourd’hui, cette précieuse collection de peintures, de pastels et de dessins de Vuillard, mais aussi d'œuvres de Pierre Bonnard, de Maurice Denis et d’Aristide Maillol, amis communs de Vuillard et des Hessel, nous permet de revivre à travers l’art «le temps perdu» qu’évoque Marcel Proust. En cela que Vuillard semble sans grand doute possible l’alter ego pictural, quoique moins célèbre, du grand écrivain, ce témoignage visuel est d’autant plus précieux et sa provenance d’autant plus rare.Les œuvres présentées ici proviennent toutes directement de la famille Hessel. Appréhendées dans leur ensemble, à travers ce catalogue ou lors de la vente, elles dépeignent un mode de vie et un cercle social qui sont non seulement propres au milieu de l’art, mais qui n’existent que grâce à l’art. D’après mon relevé informel, le nombre de tableaux peints à l’intérieur des tableaux et dessins de Vuillard et de Bonnard dans le cadre de cette vente s’élève à 47 (cf. pages 22 à 30). En ajoutant les nombreuses autres œuvres issues des deux appartements parisiens des Hessel et celles de leur cercle familial et amical, ce chiffre dépasserait le millier. Ceci témoigne de deux choses. La première est que Jos Hessel et ses cousins, les frères Bernheim, étaient des marchands d’art qui ont non seulement aidé financièrement Vuillard et – dans une moindre mesure – Bonnard, mais également contribué à placer leurs œuvres et celles d’autres artistes dans des centaines de collections privées à Paris, mais aussi en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Russie, au Danemark et en Angleterre par l’intermédiaire de leurs confrères. Vuillard ne créait pas uniquement pour donner une représentation visuelle de sa vie et celle de ses amis et mécènes ; il produisait aussi des œuvres afin d’alimenter un marché contrôlé par Jos Hessel et ses cousins.La deuxième est que l’art représentait un élément vital pour cette communauté de marchands et de collectionneurs. Ce n’était pas uniquement un moyen de placer de l’argent, même si d’aucuns prétendent que Jos Hessel ne s’intéressait guère à autre chose. C’était avant tout une affaire d’amitié et d’amour de la vie. Les artistes étaient amis avec leurs marchands et mécènes et la plupart des œuvres ayant vu le jour à l’intérieur de ce cercle très familial n’étaient pas le fruit de commandes. Elles constituent en quelque sorte des témoignages spontanés de la vie quotidienne exécutés au crayon, au pastel, à l’huile ou à la peinture à l’essence.Les œuvres les plus précieuses de cette collection sont sans doute les portraits de Jos, de Lucy et du couple peints par Bonnard et Vuillard en cela que ces œuvres mettent en lumière les différences entre les deux artistes dans l’approche du portrait. Concernant les œuvres représentant Jos, dans le portrait réalisé par Vuillard en 1905 (lot 6A), le marchand d’art lève le nez de son journal, le matin visiblement, puisqu’un bol de café vide et une assiette de fruits sont posés sans façon devant lui. Jos porte un sobre complet gris et sa tête robuste est dirigée directement vers nous. Elle penche vers un tableau de Cézanne datant du début des années 1880, désormais célèbre, et aujourd’hui conservé au Musée de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg. En cela qu’aucun autre «tableau dans le tableau» représenté par Vuillard ou Bonnard n’est aussi aisément identifiable, à mes yeux, cette œuvre constitue aussi bien un hommage à Cézanne qu’un portrait de Jos.Si cette œuvre indique que le tableau de Cézanne appartenait à Jos Hessel, il ne faut pas oublier que ce dernier était marchand d’art. On peut tout à fait imaginer qu’il embellissait son appartement avec des œuvres issues de son stock ou de celui de ses confrères, en attendant d’organiser un déjeuner ou un dîner pour installer un éventuel client bien en face du tableau qu’il souhaitait lui vendre. Mais il est également tout aussi possible que Vuillard ait demandé à Hessel de poser devant le tableau de Cézanne pour formuler un hommage au maître d’Aix, traditionnellement associé au marchand Ambroise Vollard, concurrent de Jos.Les auteurs du catalogue raisonné de l'œuvre de Vuillard considèrent ce portrait comme une critique visuelle de Jos Hessel, mais cette interprétation est certainement abusive. Le Hessel de Vuillard possède une puissance visuelle et une vigueur qui fait cruellement défaut au portrait peint par Bonnard en 1908 (lot 10A), où l’on perçoit un homme assis de biais devant le bureau de son épouse, les mains mollement jointes et jetant un regard fuyant. L’on distingue également un cadre sans toile et deux bronzes qui semblent être de Maillol. Si Bonnard souligne ici le charisme d’Hessel, mais aussi sa faiblesse, Vuillard met quant à lui en exergue sa détermination et son importance en tant qu’acteur du marché de l’art.Lucy apparaît à plusieurs reprises dans cet ensemble, mais deux fois seulement dans un portrait à proprement parler. Bonnard la peint en 1901 (lot 13A), alors que les Hessel résident rue de Rivoli. Elle incarne ce que Bonnard appelle une «dame en rouge» ; elle incarne le type même de la belle jeune femme, davantage qu’une femme en particulier. Son visage est presque d’un blanc ivoire et ses cheveux châtain foncé sont brillants et coiffés selon la mode de l’époque. Sa robe, à la mode également, est rouge écarlate, presque couleur sang, et sa posture de biais assez relâchée suggère qu’elle est simplement assise, sans poser pour un portrait. Une seule œuvre d’art s’invite dans le tableau, un petit format au cadre surdimensionné dont les détails sont si flous qu’il est impossible de se prononcer quant au nom de son auteur éventuel. Il s’agit là d’un artifice de composition et Bonnard décide de camoufler le pan restant du mur sous une épaisse couche de peinture grise, qui laisse tout de même entrevoir l’ébauche d’une représentation plus détaillée de la pièce.La composition se limite à une simple chaise en bois, une table ronde recouverte d’une nappe grise, un livre ouvert et le chien de Lucy essayant d’attirer en vain son attention. Celle-ci est perdue dans ses pensées et aucun indice ne nous est donné sur la raison de cette distraction passagère. La raison d’être de ce tableau est la beauté de Lucy et son caractère inaccessible. Le contraste avec le portrait réalisé par Vuillard en 1924 (lot 15A) est saisissant et l’on ne pourrait s’empêcher de penser qu’il s’agit là de deux femmes différentes. Lucy pose pour Vuillard et lui jette un regard un peu triste, sans esquisser le moindre sourire. En arrière-plan, installé dans le canapé au fond de la pièce, son époux semble en pleine lecture. Lucy porte une robe à la mode avec un motif noir et blanc tarabiscoté dont Vuillard reproduit chaque détail minutieusement.Lucy est bien entendu considérablement plus âgée que lors du portrait réalisé par Bonnard plus de vingt ans plus tôt. Elle porte un simple collier de perles autour du cou et le haut de son buste, dégagé et épargné par les rides, n’est plus de couleur ivoire mais rose. L'œuvre représentée au mur est juste assez distincte pour pouvoir être identifiée par un historien d’art : il s’agit d’un triptyque vert de Bonnard datant de 1900-10, sous laquelle on distingue ce qui est probablement une nature morte florale d’Odilon Redon. Le groupe d'œuvres qui suit est principalement consacré à l’appartement parisien des Hessel situé au 33, rue du Naples (l’immeuble existe toujours) (lot 9A). L’on distingue Jos et Lucy dans leur salon au début des années 1920. Vuillard est présent lui aussi, pas au sens physique du terme mais à travers son art : c’est bien le Portrait de Jos (1905), présenté dans cette vente, qui domine la pièce depuis son emplacement au-dessus de l’âtre. Dans un autre tableau (lot 20A), Lucy interrompt sa lecture et confie une lettre à sa fille adoptive Lulu. Il s’agit sans doute d’un admirateur de la belle jeune femme à qui l’on vient d’envoyer un bouquet de fleurs, posé sur la table sans avoir été ouvert. Vuillard est présent à travers le grand tableau placé derrière Lulu, Petit Salon, Madame Hessel à sa table de couture (1917) qui appartient désormais à la collection Lehman du Metropolitan Museum of Art de New York (cf. page 29). Une autre peinture (lot 23A) représente une conversation d’après dîner dans l’appartement des Hessel. Les convives sont assis en dessous d’un grand format de Bonnard flanqué de deux nus, le premier de Bonnard (au-dessus de Lucy) et un autre signé Degas, entré depuis au Metropolitan Museum, au-dessus de Jos. À quoi Vuillard pense-t-il donc ?Les plus longues périodes d’intimité pour Lucy Hessel et Vuillard furent les mois d’été que le peintre passait en compagnie des Hessel, dans les vastes demeures louées par le couple ou de modestes propriétés louées à proximité pour le peintre et sa mère. On imagine combien ces étés furent doux pour les deux amants vieillissants car bien souvent, Jos restait en ville pendant la semaine, se déplaçant en train puis s’offrant des virées en auto le week-end. Durant ces périodes, Vuillard a littéralement produit des centaines d'œuvres, témoignages d’une existence davantage tournée vers la nature que vers l’art puisque les Hessel laissaient leurs tableaux et leurs petites sculptures à Paris.Après l’avoir loué pendant des années, les Hessel achètent le Château des Clayes en 1925. Avec ses pièces gigantesques et ses vastes jardins, la villégiature des Yvelines devient la résidence estivale de Vuillard. Le peintre vient y séjourner régulièrement, bénéficiant d’une grande chambre au rez-de-chaussée qui lui sert également d’atelier. Les peintures et dessins exécutés au Château datent en grande partie des années 1930, la dernière décennie de Vuillard, mais celui-ci se passionna tout autant pour le Clos Cézanne, propriété plus modeste que les Hessel louaient à Vaucresson avant d’acquérir le Château des Clayes.L'œuvre la plus ambitieuse de cette collection qui retrace ces étés idylliques est une superbe évocation en grand format de la roseraie du Clos Cézanne que Lucy aimait tant (lot 14A). Elle y profitait de la fraîcheur du matin, coupant les plus belles fleurs avec minutie pour créer des bouquets et taillant les fleurs passées pour que le jardin soit toujours d’une apparence irrépro-chable. Vuillard dépeint la roseraie dans la douceur du dimanche matin. Lucy, encore en robe de chambre, se tourne pour nous saluer, tandis que son ami Alfred Natanson, encore en pyjama semble-t-il, est assis sur le banc lui faisant face. Jos, comme souvent dans les tableaux de Vuillard qui figurent le couple, est en retrait. Il disparaît presque de la composition au profit des fleurs, de l’atmosphère et des feuilles luisantes de l’arbre qui encadre la scène.Les petits formats de Vuillard présents dans cette collection donnent à voir Lucy (lots 4A, 17A, 18A et 24A), Lulu (lots 1A et 16A) et son père (Lulu fut élevée puis adoptée par les Hessel), Lucien Grandjean, en uniforme militaire à l’orée de la Première Guerre Mondiale (lot 21A). Exécutées en quelques minutes au graphite et au pastel, ces œuvres ont cette capacité à figer le temps que n’a pas la photographie, trahissant l’intimité que Vuillard avait le privilège de posséder avec la famille.Les œuvres restantes témoignent d’autres amitiés, avec Bonnard, Denis et Maillol (lot 2A). Lorsque les Hessel rencontrent pour la première fois le jeune artiste, celui-ci n’est pas encore sculpteur à plein-temps, mais décorateur et tapissier. Le couple assiste à ses premiers pas dans la sculpture et lui apporte l’aide financière dont il aura besoin pour façonner ses chefs-d’oeuvre en bronze.Ce n’est peut-être pas un hasard si l’unique Vuillard de la période Nabi présent dans la collection Hessel (lot 8A) est une représentation superbe mais méconnue de Madame Vuillard, la mère du peintre, en train de balayer le sol de son atelier de confection de robes en 1895. C’est peut-être l’année qui nous paraît la plus essentielle dans cette histoire d’amour, d’amitié et de dévotion, car c’est celle où Vuillard rencontre les Hessel pour la première fois. Cette étincelle mettra six ou sept ans avant de se muer en une flamme qui brûlera avec une intensité changeante pendant quarante ans.Ces œuvres ont toujours appartenu à la famille Hessel. L’unité qu’elles forment participe au charme de l’ensemble, mais chacune possède suffisamment de personnalité pour s’exprimer dans un nouvel intérieur en Europe, aux États-Unis ou en Asie, où elles se verront dispersées d’ici l’été 2018. VUILLARD CHEZ LES HESSELby Richard R. Brettell, Ph.D.Founding Director, The Edith O'Donnell Institute of Art History and the Margaret McDermott Distinguished ChairThe University of Texas at DallasThe art dealer, Jos Hessel (1869-1942), and his wife Lucy (?-1941), were permanent fixtures in the life of Édouard Vuillard and his expanding circle of friends from about 1900 until the painter’s death in 1940. They had met Vuillard through Félix Vallotton in 1895, but didn’t begin to dominate the shy painter’s social life until a joint summer trip to Switzerland in 1900 and, most importantly, after the divorce in 1904 of the couple who had dominated his life in the 1890s, Misia and Thadée Natanson.During those four decades, the artist and his slightly older dealer and his wife (Vuillard’s muse) aged together, spent months of the summer together, traveled together, shared meals, and developed a friendship that, like all long-term ones, had its ups and downs, but was sustained by trust and an acceptance of emotional complexity. We all know that a ménage à trois is difficult to sustain, but sustain it they did for four decades. Vuillard was the first to die in 1940, but the older Lucy and Jos Hessel followed him in rapid succession, Lucy in 1941 and Jos the following year.Like many of Vuillard’s friends, the Hessels were Jewish and introduced the painter, nearly ten years younger than Jos, into a circle of wealthy Jewish retailers, industrialists, inventors, and writers, the patronage of whom sustained Vuillard throughout his life. Their salons and dining rooms first on the rue de Rivoli and, later, in the fashionable 8th arrondissement on the rue de Naples, as well as their numerous rented country houses in Île De France ,Normandy and Brittany appear countless times in Vuillard’s drawings, photographs, pastels, easel paintings, and large-scale decorations throughout the 20th century.Two women dominate Vuillard’s oeuvre of this period—his mother and his muse (and very likely his lover) Lucy Hessel. We see her seated and standing, eating, reading, chatting, walking, and even sleeping. She is so ubiquitous in his oeuvre that, when there is an unidentified woman in a work by Vuillard, it is most often Mme. Hessel. Indeed, there are 105 works in the catalogue raisonné the title of which begins with the two words: Madame Hessel.Now, in this precious cache of paintings, pastels, and drawings by Vuillard as well as works by the mutual friends of Vuillard and the Hessels, Pierre Bonnard, Maurice Denis, and Aristide Maillol, we can relive through art what Proust called le temps perdu. Since there is little doubt that Vuillard is the pictorial equivalent of the considerably more famous author, this visual record is both precious and, due to its provenance, rare. The works presented here all descend directly from the Hessel family, and can, when seen together in this publication and at the sale, evoke a way of life and a circle of friends that exist only in art. And, not only in art, but with art. My informal count of the paintings within the paintings and drawings by Vuillard and Bonnard in this sale is 47 (see pages 22 to 30), and, if we were to extend our search into the numerous other paintings of the Hessel’s two Parisian apartments and those of their family and friends, it would exceed 1000 works. This tally tells us two things — that Jos Hessel and his cousins, the Bernheim brothers, were art dealers who not only supported Vuillard and Bonnard (the latter less so), but also placed works of art by them and other artists in hundreds of private collections in Paris and, through a network of other dealers, in Germany, Austria, Belgium, Russia, Denmark, and England. Vuillard was not just producing art to represent visually his life and that of his friends and patrons, he was also producing it for a market controlled by Jos Hessel and his cousins.The second thing this tally tells us is that art was literally part of life for this network of dealer-collectors. It was not merely a way to park money, although many contemporaries claim that Jos Hessel thought about little else. It was about friendship and life. The artists were personal friends of their dealers and patrons, and most of the works in this supremely familial group were not made on commission, but as a kind of voluntary documentation of life in pencil, pastel, oil, and tempera.Perhaps the most precious works in the collection are the portraits of Jos and Lucy. There are portraits of both Hessels, Lucy and Jos, by both painters, Bonnard and Vuillard, and these demonstrate the differences in each artist’s approach to portraiture. Let’s start with the portraits of Jos. Vuillard shows him (lot 6A) in 1905 looking up from his paper, no doubt in the morning, and an empty coffee bowl and fruit sit casually on the table. His three-piece suit is a sober grey, and his blocky head looks directly at us, but tilts toward a now famous landscape painting by Cézanne from the early 1880s in the Hermitage Museum in St. Petersburg. No other work of art represented by either Vuillard or Bonnard is so easily identifiable, and the painting is, to my eyes, as much a homage by Vuillard to Cézanne as it is a portrait of Jos.The painting has been used as evidence that Hessel owned the painting, but we must remember that he was an art dealer, and it is just as likely that he embellished his home with works from stock or the stock of other friendly dealers, waiting for a formal luncheon or a dinner party to seat his target in a chair facing the work Hessel desired to sell. It is equally possible that Vuillard requested that Hessel pose in front of the Cézanne in order to construct a painting in homage to the master of Aix, whom we usually associate with the competing dealer, Ambroise Vollard.The compilers of the catalogue raisonné of Vuillard’s work treat the portrait as a visual critique of Jos Hessel, but this is surely an interpretive overreach. Indeed, Vuillard’s Hessel has a visual power and a forcefulness utterly lacking in Bonnard’s 1908 portrait (lot 10A) where we see the sitter, his hands fretfully joined, looking askance in front of his wife’s desk. Bonnard does give us a picture frame, but no picture, and two bronzes that are certainly by Maillol. Bonnard stresses Hessel’s charm, even his weakness, while Vuillard emphasizes his determination and importance as a business man of art.Lucy appears more times in the present group of works, but only twice in what one could call a “portrait.” Bonnard represents her early in 1901 (see lot 13A), when the Hessels lived on the rue de Rivoli. She is what Bonnard himself called "Une dame en rouge", less an individual than a type of young, beautiful woman. Her face is an almost ivory white and her hair dark brown, glossy, and fashionably arranged. Her dress, equally fashionable, is a deep red, almost the color of blood, and her casual three-quarter pose suggested that she is simply seated rather than sitting for a portrait. Only one work of art is allowed in, an overframed small painting that is rendered with so little precision that we can’t even hazard a guess as to its artist. It is a prop acting as a compositional device, and Bonnard decides to fudge the remainder of the interior under a coat of thick gray paint that hides, but fails to obliterate, what had been the start of a more detailed rendering of the room.Instead, we have her simple wood chair, a round table covered by a gray tablecloth, an open book, and the family dog, trying unsuccessfully to attract Lucy’s attention. She is lost in thought, and we have no idea what has caused this temporary state of mind. The entire picture is about Lucy’s beauty and inaccessibility. And, in this, she contrasts so strongly with Vuillard’s later portrait of Lucy from 1924 (lot 15A) that we would not be criticized for thinking that the two portraits represent different women. Lucy sat for Vuillard, looking somewhat sadly into his eyes without even a hint of a smile, her husband ignoring her while seated in the distance on a sofa against the wall, probably reading. She wears a fashionable dress with a fussy black and white print, every detail of which Vuillard paints carefully.Here Lucy was of course considerably older than when Bonnard painted her more than twenty years before. She wears a single strand of pearls around her neck and her ample, but unwrinkled upper torso is pink rather than Bonnard’s Ivory. The art on the walls is just distinct enough to be a game for an art historian, and one can identify a Bonnard triptych from the first decade of the 20th century above a floral still-life by Odilon Redon (see p. 27). The present group of works focuses on the Hessel’s Paris apartment at 33, rue du Naples (The building still stands). We see Jos and Lucy in the Salon in the early 1920s (lot 9A), but Vuillard allows himself into the room not only as its painter, but also through his art—the 1905 Portrait of Jos in the present sale dominates the room over the fireplace. In another (lot 20A), Lucy interrupts her reading and hands a letter to her adopted daughter, Lulu. Surely it is from an admirer of the beautiful young woman to whom the unopened flowers resting on the table had been sent. And Vuillard is there too because the large painting behind Lulu is the artist’s Le petit salon from 1917 now in the Lehman Collection at the Metropolitan Museum of Art, New York (see page 29). Yet another painting represents a conversation after dinner at the Hessels apartment, in which the guests sit below a large painting by Bonnard flanked by two nudes, one by Bonnard above Lucy and one by Degas, now also in the Metropolitan Museum, above Jos. We wonder what Vuillard is thinking?The longest concerted periods of togetherness for Lucy Hessel and Vuillard were the months of summer that Vuillard spent either staying with the Hessels in their large rented houses or in a small property rented for the painter and his mother nearby. These summers must have been wonderful trysts for the two aging lovers, because, in many cases, Jos often remained in the city during the week, taking the train or, later, driving out for the weekend. These summer holidays produced literally hundreds of works by Vuillard, and they document a life that revolved around nature more than art, because the Hessels left their pictures and small sculptures in Paris.After decades of renting, the Hessels bought the Chateau des Clayes in 1925. With its substantial rooms and large gardens, the Chateau was a summer home for Vuillard, who regularly spent time in that country house, where he was given a large-ground floor room as a studio. The paintings and works on paper he made at the Chateau were made largely in the 1930’s, Vuillard’s final decade, but he lavished as much attention on the smaller house called Le Clos Cézanne in Vaucresson, rented by the Hessels before they acquired the Chateau des Clayes.The most ambitious work in the collection of the Hessel heirs that represents these summertime idylls is a gorgeous and large scale evocation of Lucy Hessel’s beloved rose garden at the Clos Cézanne (lot 14A). There she spent her mornings before the heat of the day, clipping blooms at the height for bouquets and others that had passed their prime so that the garden would look perpetually perfect. Vuillard shows us the garden in the freshness of a sunny morning. Lucy, still in her dressing gown, turns to greet us, and her friend Alfred Natanson sits on another bench across from her, probably still in his pajamas. Jos, as is often the case in Vuillard’s paintings that include both Hessels, is in the background, and we would not be wrong to miss him altogether as we glory in the flowers, the atmosphere, and the glistening leaves of the arbor that frames the scene.The smaller works by Vuillard in the collection invite us to glimpse Lucy (lots 4A, 17A, 18A and 24A), Lulu (lots 1A and 16A), and even Lulu’s father (she was raised and eventually adopted by the Hessel), Lucien Grandjean in his military uniform just before World War I (lot 21A). Made in a matter of minutes in graphite and pastel, they arrest time in a way that no photograph could, and they each betray an intimacy that Vuillard was privileged to share with the family.The remainder of the works in this important group tell of other friendships—with Bonnard (lot 7A), Denis (lot 5A), and Maillol (lot 2A). When the Hessels first met that young artist, he was not yet fully a sculptor, but a decorator and tapestry maker. They were among the first to see his earliest attempts at sculpture and even to provide the funds so that Maillol could cast these marvels into bronze. Perhaps it is no accident that the only Nabis Vuillard in the Hessel Collection being dispersed here is a superb, but little-known representation of Mme. Vuillard, the painter’s mother, sweeping the floor in her dress-making room in 1895 (lot 8A). It is, perhaps, the year that is most important to us in this tale of love, friendship, and devotion, because it is the year that Vuillard met the Hessels for the first time. That spark took six or seven years to create a flame, which burned with varying intensity for four decades.These works have been in a family collection since they were made. Their “togetherness” is part of their charm as the ensemble, but each is strong enough to speak on its own in another new interior in Europe, the United States, or Asia, where they will find themselves scattered by summertime of this year.
Édouard Vuillard (1868-1940)
Lulu, sur la balançoire dans le parc
Details
Édouard Vuillard (1868-1940)
Lulu, sur la balançoire dans le parc
signé 'E Vuillard' (en bas à droite)
pastel sur papier marouflé sur toile
33.5 x 26.5 cm.
Exécuté vers 1932
signed 'E Vuillard' (lower right)
pastel on paper laid down on canvas
13 ¼ x 10 ½ in.
Executed circa 1932
Lulu, sur la balançoire dans le parc
signé 'E Vuillard' (en bas à droite)
pastel sur papier marouflé sur toile
33.5 x 26.5 cm.
Exécuté vers 1932
signed 'E Vuillard' (lower right)
pastel on paper laid down on canvas
13 ¼ x 10 ½ in.
Executed circa 1932
Provenance
A. & R. Ball, New York.
Willy Heineberg, Genève (avant 1967).
Collection particulière, New York (par descendance); vente, Sotheby's, New York, 28 mai 1976, lot 560.
Collection particulière, États-Unis; vente, Christie's, New York, 15 mai 1986, lot 105.
Lucie Grandjean-Hessel, Paris (acquis au cours de cette vente).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Willy Heineberg, Genève (avant 1967).
Collection particulière, New York (par descendance); vente, Sotheby's, New York, 28 mai 1976, lot 560.
Collection particulière, États-Unis; vente, Christie's, New York, 15 mai 1986, lot 105.
Lucie Grandjean-Hessel, Paris (acquis au cours de cette vente).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
A. Salomon et G. Cogeval, Vuillard, Le regard innombrable, Catalogue critique des peintures et pastels, Paris, 2003, vol. III, p. 1601, no. XII-313 (illustré en couleurs).
Exhibited
Genève, Musée d'Art et d'Histoire, Vuillard, janvier 1967, no. 4.
Further Details
JOS HESSEL
par Tristan Bernard, La Renaissance de l’Art, XIIIe année, no. 1, Paris, janvier 1930.
"Hessel aimait le boulevard, le théâtre. Je veux dire par là qu’il aimait vivre parmi les gens de théâtre et du boulevard. Son amour se traduisait d’ailleurs moins par des éloges, dont il n’a jamais été prodigue, que par une blague continuelle. Il était très au courant de tout. Il était, comme il a toujours été, à la page, que dis-je ? à la page suivante, dans son besoin constant de nouveauté.
Il avait besoin de nouveauté, parce qu’il aimait la vie. Et c’est pour cela qu’il a été un bon amateur d’art. Ce goût passionné de la vie, le long des générations d’artistes qu’il a côtoyées, l’a toujours porté vers les œuvres les plus vivantes, c’est-à-dire, les plus neuves.
Il n’abandonnait pas, pour d’autres, les peintres qu’il avait admirés. Il restait fidèle le plus longtemps possible à ceux qui lui avaient plu. Mais il était constamment insatiable d’admirations plus fraiches.
C’est grâce à cette curiosité qu’il n’a jamais vieilli. Si vous voulez savoir exactement son âge, c’est bien simple : où qu’il se trouve, il a toujours cinq ans de moins que le plus jeune de la société.
Hessel, d’après cela, pourrait être considéré comme l’image de la candeur. Mais ce n’est pas exactement ce que j’ai voulu dire. Ce que j’entends affirmer, c’est que sa jeunesse d’esprit défie toute concurrence. Et c’est elle d’ailleurs qui, heureusement pour ses amis, le maintient en bonne santé physique.
[...]
Mais toutes les précautions sportives d’Hessel, pour se maintenir en bonne forme physique, ne vaudraient rien sans ce don merveilleux de naturelle bonne humeur qui le fait s’amuser de tous les détails de la vie, même et surtout de ce qui peut lui arriver de «catastrophal». C’est ainsi qu’il a connu trois mois de grande allégresse, parce qu’un de ses compagnons de chasse, probablement par mégarde, l’avait criblé de petits plombs. Une autre fois, sa joie n’eut pas de borne, quand il fut victime d’un accident de chemin de fer dans un train où il était le seul voyageur. Il y avait eu jadis, à ce même Villepreux, un déraillement beaucoup plus considérable. Je dois dire que, dans les derniers récits d’Hessel, les deux catastrophes se confondent, parce qu’il n’a pas trouvé la seconde digne de lui.
J’aurais voulu parler de cette magnifique collection de tableaux, mais je ne suis qu’un admirateur passionné de peinture, qui n’est pas sûr de son vocabulaire technique de critique d’art.
J’aurais voulu donner de Jos Hessel une plus forte étude, car il la mérite, expliquer comment, dans sa carrière remarquable d’expert en tableaux, il a été favorisé par ses qualités d’esprit, de tact, sa connaissance des hommes et non, comme tant d’autres, par le hasard.
Mais ce qui l’a surtout servi dans cette carrière, c’est que son métier l’amuse, comme l’amusent toutes les choses de la vie. Alors, autour de lui, on aime son allégresse. Et les rares fois où il nous arrive de le voir maussade, on est tranquille : ça passera. Cette mauvaise disposition se produit surtout les jours de pluie. Car Hessel considère la pluie comme une injure personnelle. Il n’admet pas que le ciel, en sa présence, soit de méchante humeur.”
"Hessel loved the ‘Boulevard’, the theatre. I mean by that he liked to mix with boulevardiers and actors. His inclination, however, did not find vent in words of praise of which he was never lavish, but in good-humored chaff. He knew everything that was going on. He was, as he has been all his life, not only up-to-date, but one might say ahead of his time, always on the look-out for something new.
He craved novelty because he so thoroughly enjoyed life. And that is why he was such a good connoisseur. This passionate love of life instinctively inclined him towards the most keenly-alive productions of the many generations of artists he has seen go by, and the most full of life were generally the youngest.
He never sacrificed an old admiration to a new. He remained faithful as long as he could to any artist who had given him pleasure, but he was always seeking for something new to admire. To this curiosity, never-sated, he owes it that he has remained young. If you want to know how old he really is nothing is easier: wherever he may be he is always five years younger than the youngest person present.
This might lead you to believe that Hessel is a miracle of innocence, but that is not what I intended to convey. What I really mean to say is that his mind has a freshness and vigor not easily surpassed. And that is also what had kept him in such good physical form to the joy of his many friends.
[…]
But all Hessel’s careful physical training would be of no avail without his marvellous good temper which enables him to enjoy every little incident in life and even the accidents he meets with. Thus he was exhilarated for three whole months simply because one of his guests at a shooting-party had riddled him (presumably by mistake) with small shot. Another time, he knew joy without bounds because he was hurt in a railway accident when he was, I believe the sole occupant in the whole train. He had had a much more serious accident, at Villepreux some years before, and I am bound to say that in his references to that class of incidents he invariably mixes up the two probably because he does not think the second one of sufficient magnitude, and therefore unworthy of him all by itself.
I should have dearly liked to speak of this beautiful Collection of paintings but my knowledge of technical jargon being scanty I am fain to remain a dumb though passionate admirer.
I could have wished also for time to speak more fully and in a manner worthy of him, of Hessel’s knowledge and to point out that, in his remarkable career as an expert, he owes his success not to mere chance, but to his intelligence, his culture, his tact, and his knowledge of men.
But perhaps the greatest factor in his success is that he loves his work and enjoys it as he does all things. And everyone around him enjoys his rollicking good humor. If occasionally he seems moody, there is no need to worry, it will soon blow over. These depressions are generally due to bad weather, for Hessel looks upon rain as a personal insult. He cannot conceive that, in his presence, the sky should be dull and cloudy.”
par Tristan Bernard, La Renaissance de l’Art, XIIIe année, no. 1, Paris, janvier 1930.
"Hessel aimait le boulevard, le théâtre. Je veux dire par là qu’il aimait vivre parmi les gens de théâtre et du boulevard. Son amour se traduisait d’ailleurs moins par des éloges, dont il n’a jamais été prodigue, que par une blague continuelle. Il était très au courant de tout. Il était, comme il a toujours été, à la page, que dis-je ? à la page suivante, dans son besoin constant de nouveauté.
Il avait besoin de nouveauté, parce qu’il aimait la vie. Et c’est pour cela qu’il a été un bon amateur d’art. Ce goût passionné de la vie, le long des générations d’artistes qu’il a côtoyées, l’a toujours porté vers les œuvres les plus vivantes, c’est-à-dire, les plus neuves.
Il n’abandonnait pas, pour d’autres, les peintres qu’il avait admirés. Il restait fidèle le plus longtemps possible à ceux qui lui avaient plu. Mais il était constamment insatiable d’admirations plus fraiches.
C’est grâce à cette curiosité qu’il n’a jamais vieilli. Si vous voulez savoir exactement son âge, c’est bien simple : où qu’il se trouve, il a toujours cinq ans de moins que le plus jeune de la société.
Hessel, d’après cela, pourrait être considéré comme l’image de la candeur. Mais ce n’est pas exactement ce que j’ai voulu dire. Ce que j’entends affirmer, c’est que sa jeunesse d’esprit défie toute concurrence. Et c’est elle d’ailleurs qui, heureusement pour ses amis, le maintient en bonne santé physique.
[...]
Mais toutes les précautions sportives d’Hessel, pour se maintenir en bonne forme physique, ne vaudraient rien sans ce don merveilleux de naturelle bonne humeur qui le fait s’amuser de tous les détails de la vie, même et surtout de ce qui peut lui arriver de «catastrophal». C’est ainsi qu’il a connu trois mois de grande allégresse, parce qu’un de ses compagnons de chasse, probablement par mégarde, l’avait criblé de petits plombs. Une autre fois, sa joie n’eut pas de borne, quand il fut victime d’un accident de chemin de fer dans un train où il était le seul voyageur. Il y avait eu jadis, à ce même Villepreux, un déraillement beaucoup plus considérable. Je dois dire que, dans les derniers récits d’Hessel, les deux catastrophes se confondent, parce qu’il n’a pas trouvé la seconde digne de lui.
J’aurais voulu parler de cette magnifique collection de tableaux, mais je ne suis qu’un admirateur passionné de peinture, qui n’est pas sûr de son vocabulaire technique de critique d’art.
J’aurais voulu donner de Jos Hessel une plus forte étude, car il la mérite, expliquer comment, dans sa carrière remarquable d’expert en tableaux, il a été favorisé par ses qualités d’esprit, de tact, sa connaissance des hommes et non, comme tant d’autres, par le hasard.
Mais ce qui l’a surtout servi dans cette carrière, c’est que son métier l’amuse, comme l’amusent toutes les choses de la vie. Alors, autour de lui, on aime son allégresse. Et les rares fois où il nous arrive de le voir maussade, on est tranquille : ça passera. Cette mauvaise disposition se produit surtout les jours de pluie. Car Hessel considère la pluie comme une injure personnelle. Il n’admet pas que le ciel, en sa présence, soit de méchante humeur.”
"Hessel loved the ‘Boulevard’, the theatre. I mean by that he liked to mix with boulevardiers and actors. His inclination, however, did not find vent in words of praise of which he was never lavish, but in good-humored chaff. He knew everything that was going on. He was, as he has been all his life, not only up-to-date, but one might say ahead of his time, always on the look-out for something new.
He craved novelty because he so thoroughly enjoyed life. And that is why he was such a good connoisseur. This passionate love of life instinctively inclined him towards the most keenly-alive productions of the many generations of artists he has seen go by, and the most full of life were generally the youngest.
He never sacrificed an old admiration to a new. He remained faithful as long as he could to any artist who had given him pleasure, but he was always seeking for something new to admire. To this curiosity, never-sated, he owes it that he has remained young. If you want to know how old he really is nothing is easier: wherever he may be he is always five years younger than the youngest person present.
This might lead you to believe that Hessel is a miracle of innocence, but that is not what I intended to convey. What I really mean to say is that his mind has a freshness and vigor not easily surpassed. And that is also what had kept him in such good physical form to the joy of his many friends.
[…]
But all Hessel’s careful physical training would be of no avail without his marvellous good temper which enables him to enjoy every little incident in life and even the accidents he meets with. Thus he was exhilarated for three whole months simply because one of his guests at a shooting-party had riddled him (presumably by mistake) with small shot. Another time, he knew joy without bounds because he was hurt in a railway accident when he was, I believe the sole occupant in the whole train. He had had a much more serious accident, at Villepreux some years before, and I am bound to say that in his references to that class of incidents he invariably mixes up the two probably because he does not think the second one of sufficient magnitude, and therefore unworthy of him all by itself.
I should have dearly liked to speak of this beautiful Collection of paintings but my knowledge of technical jargon being scanty I am fain to remain a dumb though passionate admirer.
I could have wished also for time to speak more fully and in a manner worthy of him, of Hessel’s knowledge and to point out that, in his remarkable career as an expert, he owes his success not to mere chance, but to his intelligence, his culture, his tact, and his knowledge of men.
But perhaps the greatest factor in his success is that he loves his work and enjoys it as he does all things. And everyone around him enjoys his rollicking good humor. If occasionally he seems moody, there is no need to worry, it will soon blow over. These depressions are generally due to bad weather, for Hessel looks upon rain as a personal insult. He cannot conceive that, in his presence, the sky should be dull and cloudy.”
Brought to you by
Adélaïde Quéau