Lot Essay
Cette œuvre est répertoriée dans les archives de la Fondation Marino Marini, Pistoia.
« Mes statues équestres symbolisent toute l'angoisse que je ressens face aux événements d'aujourd'hui. Mes chevaux se font de plus en plus nerveux ; leurs cavaliers, de moins en moins capables de les dompter. Ensemble, l'homme et la bête sont accablés par une catastrophe pareille à celles qui ont frappé Sodome et Pompéi. Je cherche ainsi à illustrer le dernier stade de la dissolution d'un mythe, le mythe de la personnalité du héros triomphant, de l''uomo di virtù' des humanistes. »
M. Marini cité in 'Interview with Édouard Roditi', 1958 cité in Dialogues – conversations with European Artists at Mid-century, Londres, 1990, p. 87-88.
« Avec mes figures équestres, je ne cherche pas à célébrer le triomphe d'un quelconque héros victorieux. Je cherche au contraire à évoquer quelque chose de tragique – la part d'ombre, le personnage crépusculaire, une défaite plutôt qu'une victoire. Si l'on considère chacune de mes statues équestres des douze dernières années [de 1946 à 1958], on peut constater que le cavalier maîtrise de moins en moins sa monture, et que celle-ci, de plus en plus affolée, se fige et se crispe au lieu de se cabrer ou de prendre la fuite. Tout découle de mon sentiment que nous arrivons à la fin d'un monde. »
M. Marini cité in 'Interview with Édouard Roditi', ibid., p. 87.
Conçue en 1954 alors que l’artiste mène depuis près de vingt ans des recherches sur la figure du cavalier, notre sculpture évoque un tournant décisif dans la représentation du motif central de l’Œuvre de Marino Marini.
Tout au long de son œuvre, Marini n’aura de cesse de reprendre et de faire évoluer ce motif. Les cavaliers fermement installés sur le dos de leur monture dans des compositions statiques permettent d’abord à l’artiste de s’inscrire dans la tradition de la représentation héroïque du cavalier, qu’il abandonnera après avoir vécu la réalité brutale de l’horreur de la Seconde Guerre Mondiale.
Marini transforme alors le thème intemporel et vénérable du cheval et du cavalier pour exprimer les changements de l’après-guerre.
Quelques années plus tôt seulement, au milieu des années 1930, alors qu’il réalise ses premières incursions dans la sculpture équestre, les chevaux de Marini se caractérisaient alors par leur naturalité et leur stabilité.
Comme en témoigne Cavallo, la figure auparavant stoïque du cavalier sur sa monture laissera plus tard place à des représentations plus tragiques.
La présente œuvre évoque le massacre cruel de ces créatures innocentes et sans défenses, autrefois championnes des champs de bataille, souffrant des obus, bombes et balles à mesure que les libérateurs alliés avancent en Italie : ce cheval se cabrant de terreur, l’encolure tordue de désespoir, fait inévitablement écho au cheval de Guernica, peint par Picasso en 1937. Cette tension se matérialise également par la technique que l’artiste déploie dans le rendu des chairs : la surface richement travaillée et incisée à la main amplifie la sensation visuelle du mouvement du cheval qui se cabre, s’apprêtant à tomber.
“My equestrian figures are symbols of the anguish that I feel when I survey contemporary events. Little by little, my horses become more restless; their riders less and less able to control them. Man and beast are both overcome by a catastrophe similar to those that struck Sodom and Pompeii. So I am trying to illustrate the last stages of the disintegration of a myth, I mean the myth of the individual victorious hero, the 'uono di virtù' of the humanists.”
M. Marini quoted in 'Interview with Édouard Roditi', 1958 quoted in Dialogues – conversations with European Artists at Mid-century, London, 1990, p. 87-88.
“I am no longer seeking, in my own equestrian figures, to celebrate the triumph of any victorious hero. On the contrary, I seek to commemorate in them something tragic – in fact, a kind of 'Twilight of Man', a defeat rather than a victory. If you look back on all my equestrian figures of the past twelve years [between 1946 – 1958] you will notice that the rider is each time less in control of his mount, and that the latter is each time more wild in its terror, but frozen stiff, rather than reared or running away. All this is because I feel that we are on the eve of the end of a whole world.”
M. Marini quoted in 'Interview with Édouard Roditi', ibid., p. 87.
The present sculpture, conceived in 1954 when the artist had been exploring the figure of the horseman for nearly 20 years, evokes a decisive turning point in how this core motif was depicted in Marino Marini's body of work.
Throughout his oeuvre, Marini continually revisited and re-imagined this subject. At first, the riders were firmly seated on their mounts in static compositions, situating the artist in the tradition of heroic depictions of horsemen, an approach he would abandon after living through the brutal reality and horrors of World War II.
Then, Marini transformed the timeless, venerable theme of horse and rider to express post-war changes.
Just a few years later, in the mid-1930s, as he was making his first forays into equestrian sculpture, Marini's horses were characterised by their naturalness and stability.
As borne out by Cavallo, the once stoic figure of the rider on his horse would later give way to more tragic representations.
The work at hand shows the cruel massacre of these innocent, defenceless creatures which had once been the champions of battlefields, as they succumbed to shells, bombs and bullets as the liberating Allied troops advanced in Italy. The horse is rearing in terror, its neck twisted in despair, an inescapable reference to the horse Picasso painted in Guernica in 1937. The tension is also evident in the technique used by the artist to render the flesh: the surface is lavishly worked and carved by hand to amplify the visual sensation of the movements of a rearing horse, about to fall.
« Mes statues équestres symbolisent toute l'angoisse que je ressens face aux événements d'aujourd'hui. Mes chevaux se font de plus en plus nerveux ; leurs cavaliers, de moins en moins capables de les dompter. Ensemble, l'homme et la bête sont accablés par une catastrophe pareille à celles qui ont frappé Sodome et Pompéi. Je cherche ainsi à illustrer le dernier stade de la dissolution d'un mythe, le mythe de la personnalité du héros triomphant, de l''uomo di virtù' des humanistes. »
M. Marini cité in 'Interview with Édouard Roditi', 1958 cité in Dialogues – conversations with European Artists at Mid-century, Londres, 1990, p. 87-88.
« Avec mes figures équestres, je ne cherche pas à célébrer le triomphe d'un quelconque héros victorieux. Je cherche au contraire à évoquer quelque chose de tragique – la part d'ombre, le personnage crépusculaire, une défaite plutôt qu'une victoire. Si l'on considère chacune de mes statues équestres des douze dernières années [de 1946 à 1958], on peut constater que le cavalier maîtrise de moins en moins sa monture, et que celle-ci, de plus en plus affolée, se fige et se crispe au lieu de se cabrer ou de prendre la fuite. Tout découle de mon sentiment que nous arrivons à la fin d'un monde. »
M. Marini cité in 'Interview with Édouard Roditi', ibid., p. 87.
Conçue en 1954 alors que l’artiste mène depuis près de vingt ans des recherches sur la figure du cavalier, notre sculpture évoque un tournant décisif dans la représentation du motif central de l’Œuvre de Marino Marini.
Tout au long de son œuvre, Marini n’aura de cesse de reprendre et de faire évoluer ce motif. Les cavaliers fermement installés sur le dos de leur monture dans des compositions statiques permettent d’abord à l’artiste de s’inscrire dans la tradition de la représentation héroïque du cavalier, qu’il abandonnera après avoir vécu la réalité brutale de l’horreur de la Seconde Guerre Mondiale.
Marini transforme alors le thème intemporel et vénérable du cheval et du cavalier pour exprimer les changements de l’après-guerre.
Quelques années plus tôt seulement, au milieu des années 1930, alors qu’il réalise ses premières incursions dans la sculpture équestre, les chevaux de Marini se caractérisaient alors par leur naturalité et leur stabilité.
Comme en témoigne Cavallo, la figure auparavant stoïque du cavalier sur sa monture laissera plus tard place à des représentations plus tragiques.
La présente œuvre évoque le massacre cruel de ces créatures innocentes et sans défenses, autrefois championnes des champs de bataille, souffrant des obus, bombes et balles à mesure que les libérateurs alliés avancent en Italie : ce cheval se cabrant de terreur, l’encolure tordue de désespoir, fait inévitablement écho au cheval de Guernica, peint par Picasso en 1937. Cette tension se matérialise également par la technique que l’artiste déploie dans le rendu des chairs : la surface richement travaillée et incisée à la main amplifie la sensation visuelle du mouvement du cheval qui se cabre, s’apprêtant à tomber.
“My equestrian figures are symbols of the anguish that I feel when I survey contemporary events. Little by little, my horses become more restless; their riders less and less able to control them. Man and beast are both overcome by a catastrophe similar to those that struck Sodom and Pompeii. So I am trying to illustrate the last stages of the disintegration of a myth, I mean the myth of the individual victorious hero, the 'uono di virtù' of the humanists.”
M. Marini quoted in 'Interview with Édouard Roditi', 1958 quoted in Dialogues – conversations with European Artists at Mid-century, London, 1990, p. 87-88.
“I am no longer seeking, in my own equestrian figures, to celebrate the triumph of any victorious hero. On the contrary, I seek to commemorate in them something tragic – in fact, a kind of 'Twilight of Man', a defeat rather than a victory. If you look back on all my equestrian figures of the past twelve years [between 1946 – 1958] you will notice that the rider is each time less in control of his mount, and that the latter is each time more wild in its terror, but frozen stiff, rather than reared or running away. All this is because I feel that we are on the eve of the end of a whole world.”
M. Marini quoted in 'Interview with Édouard Roditi', ibid., p. 87.
The present sculpture, conceived in 1954 when the artist had been exploring the figure of the horseman for nearly 20 years, evokes a decisive turning point in how this core motif was depicted in Marino Marini's body of work.
Throughout his oeuvre, Marini continually revisited and re-imagined this subject. At first, the riders were firmly seated on their mounts in static compositions, situating the artist in the tradition of heroic depictions of horsemen, an approach he would abandon after living through the brutal reality and horrors of World War II.
Then, Marini transformed the timeless, venerable theme of horse and rider to express post-war changes.
Just a few years later, in the mid-1930s, as he was making his first forays into equestrian sculpture, Marini's horses were characterised by their naturalness and stability.
As borne out by Cavallo, the once stoic figure of the rider on his horse would later give way to more tragic representations.
The work at hand shows the cruel massacre of these innocent, defenceless creatures which had once been the champions of battlefields, as they succumbed to shells, bombs and bullets as the liberating Allied troops advanced in Italy. The horse is rearing in terror, its neck twisted in despair, an inescapable reference to the horse Picasso painted in Guernica in 1937. The tension is also evident in the technique used by the artist to render the flesh: the surface is lavishly worked and carved by hand to amplify the visual sensation of the movements of a rearing horse, about to fall.