LION FON
FON LION
LION FON FON LION

BÉNIN

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LION FON
FON LION
Bénin
Hauteur: 28.5 cm. (11¼ in.)

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Charles-Wesley Hourde
Charles-Wesley Hourde

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Lot Essay

Selon l'article rédigé par Suzanne Preston-Blier dans Magie (Musée Dapper, Paris, 1996) sur Le Roi Glélé du Dahomey, les portraits divinatoires d'un roi lion et homme de fer, nous pouvons déduire les éléments suivants :
Lors de son accession au pouvoir, "un nom fort" est associé au nouveau roi d'Abomey. Glélé est ainsi surnommé kini kini kini ou lion des lions lors de son investiture en 1858. Cette appellation aura une influence sur le règne du jeune souverain ainsi que sur la production artistique lui étant dédiée. En effet, cet animal apparait sur les bas-reliefs du palais, les vêtements de cour, les parasols, les récades, etc... La célèbre statue conservée au Musée du Quai Branly représentant un homme à la tête de lion est une évocation frappante du roi Glélé (inv.71.1893.45.2). Les traits du lion sont le plus souvent accentués exacerbant ainsi l'agressivité de l'animal : ses mâchoires sont puissantes et ses dents acérées.

La statuette de lion présentée ici revêtait certainement une importance particulière. La très grande qualité de sculpture associée à l'utilisation d'un métal aussi précieux que l'argent font de cette oeuvre un regalia de premier ordre. La rareté de ces objets (nous ne connaissons qu'un autre lion recouvert d'argent et deux recouverts de laiton) nous pousse à croire qu'ils devaient orner un lieu prestigieux du royaume, tel que le palais royal du roi Glélé à Abomey.
Lors de son séjour à la cour d'Abomey en 1871, J.A. Skertchly, explorateur anglais, décrit "un coussin rouge grenat portant un lion en argent" (Preston-Blier, op.cit., p.112). Il est fort probable que ce voyageur ait aperçu l'un des deux lions en argent fon connus à ce jour (le premier conservé au Musée Dapper, le second étant celui-ci). Nous pouvons ainsi, raisonnablement, situer l'exécution de ces objets à une date antérieure 1871.
Une étonnante similitude rapproche le lion présenté ici et celui conservé au Musée Dapper qui aurait été sculpté par Allode Huntondjifon à la demande du roi Glélé à la fin du XIXème siècle. Ils ont pour différence majeure les positions de leurs pattes, exactement inverses. Ceci nous laisse penser qu'il pourrait s'agir d'une paire.

Le travail du métal sous toutes ses formes est une caractéristique de la culture fon. Le bronze, le fer et l'argent y sont largement utilisés dans les objets de culte ou profanes. Fondus, forgés, martelés ou repoussés, les métaux sont travaillés par les artisans professionnels, attachés à une cour royale, ou libres commerçants. Le travail de l'argent présent sur ce lion est très proche de celui des bijoux en argent fondus ou martelés qui se trouvent en nombre au Dahomey-Bénin (bracelets la plupart du temps, comme celui de la collection Jean-Paul Chazal où figure un lion, exposé à Taïwan en 2003 et reproduit au catalogue p.63, n.007). De la même façon, ce travail est présent sur les asen eux-mêmes façonnés dans divers métaux selon le rang social du défunt à honorer. Quant à la technique de placage de métal sur une âme de bois, elle est présente en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale : chez les Akan, l'or et l'argent sont utilisés en feuilles sur les régalia, chez les Yorouba et plus largement dans les Royaumes du Bénin où de nombreux objets, y compris des sièges, sont plaqués de cuivre et de laiton sur un corps de bois. De même au Gabon et aussi au Congo (RDC) les masques et les objets plaqués de métal décorés au repoussé sont fréquents : chez les Kota, les Salampasu, etc...
Si l'on revient aux caractéristiques communes entre le lion Charles Ratton du Musée Dapper et celui-ci, elles sont nombreuses voire, innombrables, jusqu'aux pupilles d'or et aux clous d'argent dont les têtes plates présentent une reprise ciselée en burelage, ainsi que la plateforme de la base soclée, plaquée de laiton, ornée d'un lit de feuillages et au champ strié verticalement.

La provenance du lion conservé au musée Dapper a pu être retracée comme suit :
Glélé, souverain du royaume d'Abomey de 1858 à 1889
Béhanzin (1844-1906), souverain du royaume d'Abomey de 1890 à 1894, fils de Glélé
Achille Lemoine
Charles Ratton, Paris, 1926
Achille Lemoine est l'héritier du Colonel Dodds, militaire français ayant mené la conquête du Dahomey, celui-ci s'empara d'une partie du trésor de Béhanzin lors de la prise d'un de ses palais. De retour en France, il offrit une partie de ses découvertes au Musée du Trocadéro.
Charles Ratton acheta en 1926 à Achille Lemoine un groupe d'objets fon dont le lion en argent du musée Dapper.

Le lion du musée Dapper fut publié dans les ouvrages suivants:
Basler, A., L'Art chez les Peuples Primitifs, Paris, 1929, fig.13b
Cossio, M.B., et Pijoan, J., Summa Artis Historia General del Arte, vol. I, Madrid-Barcelone, 1931
Portier, A. et Poncetton, F., Les Arts Sauvages Afrique, 1956, pl.XXX, fig.5
Leiris, M., Delange, J., L'Art de l'Afrique Noire, Besançon, 1958, reproduit au catalogue pl.XXX, cat.260
Ragon, M., L'Art nègre, in Jardin des Arts, Paris, n.126, mai 1965, fig.21
Vison, M.B., et al., A History of Art in Africa, Londres-New York, 2001, p.263, fig.8
Il fut exposé à plusieurs reprises :
Paris, Exposition d'art africain et d'art océanien, Galerie Pigalle, 28 février-1 Avril 1930
Cannes, Première exposition rétrospective internationale des Arts d'Afrique et d'Océanie, Palais Miramar, 6 Juillet-29 Septembre 1957, reproduit au catalogue fig.128
Besançon, Art de l'Afrique Noire, Palais Granvelle, 17 Juillet-5 Octobre 1958, reproduit au catalogue pl.XXX, cat.260
Paris, Magies, Musée Dapper, 21 Novembre 1996-29 Septembre 1997, reproduit au catalogue pp.90-91

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