Giorgio de Chirico (1888–1978)
Provenant d'une collection privée européenne
Giorgio de Chirico (1888–1978)

Malinconia Torinese

Details
Giorgio de Chirico (1888–1978)
Malinconia Torinese
signé 'g. de Chirico' (en bas à droite)


huile sur toile
50 x 40 cm.
Peint vers 1965

signed 'g. de Chirico' (lower right)
oil on canvas
19 ¾ x 15 ¾ in.
Painted circa 1965
Provenance
Galleria d'arte moderna l’Approdo, Rome.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel
Further Details
« Quel sera le but de la peinture de l’avenir? Le même que celui de la poésie, de la musique et de la philosophie. Donner des sensations qu’on ne connaissait pas avant. Dépouiller l’art de tout ce qu’il pourrait encore contenir de routine, de règle, de tendance à un sujet, à une synthèse esthétique ; supprimer complètement l’homme comme point de repère, comme moyen pour exprimer un symbole, une sensation ou une pensée : se libérer une bonne fois de ce qui entrave toujours la sculpture : l’anthropomorphisme. Voir tout, même l’homme, en tant que chose. C’est la méthode nietzschéenne. Appliquée en peinture, elle pourrait donner des résultats extraordinaires. C’est ce que je tâche de prouver avec mes tableaux. »

“ What will be the aim of tomorrow’s painting? The same as that of poetry, music and philosophy. Provoking sensations that one has never experienced before. Strip bare art of anything it may still retain from routine, rules, tendencies for a subject or for an aesthetic synthesis; to completely remove the function of man as a bearing, as a means to express a symbol, a sensation or a thought: to free oneself for good from anything that is always a hinderance in sculpture, anthropomorphism. See everything, even the human being, as a thing. That is the Nietzschean approach. If the latter is applied to painting, it could lead to some great results. This is what I strive to demonstrate throughout my paintings. “

G. de Chirico, ‘Méditations d'un peintre’, 1911-12, cité in Giorgio de Chirico, cat. exp., Munich et Paris, p. 247.

« La peinture de de Chirico n’est pas de la peinture, dans l’acception que l’on donne aujourd’hui à ce mot. On pourrait la définir comme l’écriture des songes. Au moyen de fuites presque infinies d’arcades et de façades, de grandes lignes directes, de masses démesurées de couleurs simples, de clairs et d’obscurs presque funèbres, il parvient, en effet, à exprimer cette impression d’immensité, de solitude, d’immobilité, de stagnation que provoquent parfois, dans notre âme presque endormie, certains spectacles réfléchis à l’état de souvenir. Giorgio de Chirico exprime comme nul autre la mélancolie saisissante de la fin d’une belle journée dans une vieille ville italienne où se trouve au fond de la piazza solitaire, au-delà du cadre de loggias, portiques et monuments du passé, un train qui souffle, le camion de livraison d’une grande surface qui y est garé ou la cheminée d’une usine qui s’envole et envoie de la fumée dans le ciel dépourvu de nuages. »

“ The painting of de Chirico is not painting, in the sense that we use that word today. It could be defined as a writing down of dreams. By means of almost infinite rows of arches and facades, he truly succeeds in expressing that sensation of vastness, of solitude, of immobility, of stasis which certain sights reflected by the state of memory sometimes produce in our mind, just at the point of sleep. Giorgio de Chirico expresses as no one else has ever done the poignant melancholy of the close of a beautiful day in an old Italian city where, at the back of a lonely piazza, beyond the setting of loggias, porticoes, and monuments of the past, a train chugs, the delivery van of a large department store is parked, or a soaring factory chimney sends smoke into the cloudless sky. “

A. Soffici, de Chirico e Savinio, cite in J. M. Lukach, ‘de Chirico and Italian Art Theory, 1915-1920’, in de Chirico, cat. exp., New York, 1982, p. 37.

La composition et les motifs de Malincolia Torinese renvoient à Piazza d’Italia, série de peintures de de Chirico qui mettent en scène l’un des thèmes les plus importants et récurrents de son œuvre. Comptant plus d’une centaine de variantes, toutes articulées autour d’une sculpture d’Ariane, ces toiles énigmatiques jalonnent quasiment toute sa carrière, avec leurs mélancoliques ombres nocturnes et leurs inquiétantes places désertes, qui pointent vers les mystères lancinants tapis derrière la réalité quotidienne. Le symbolisme de chacune des variations sur ce thème, dont les premiers exemples datent d’une série peinte en 1912 et 1913, est basé sur la synthèse d’éléments tirés de la mythologie grecque, de la philosophie nietzschéenne et de la vie de de Chirico. Pour le peintre italien né en Grèce, l’histoire d’Ariane, la princesse abandonnée qui avait sauvé Thésée face au Minotaure avant d’être elle-même secourue par Dionysos, comporte une importante portée métaphorique. Elle incarne non seulement le passé classique de sa terre natale, mais permet aussi à de Chirico de soumettre sa propre lecture de Nietzsche, dont la réinterprétation radicale du mythe érigeait Ariane en symbole de l’ascension de la conscience intuitive.

The composition and motifs of Malincolia Torinese bring to mind the series of paintings by de Chirico entitled Piazza d'Italia one of the most significant and repeated themes in his Œuvre. Featuring over a hundred variants featuring Ariadne's sculpture alone, these enigmatic works formed an almost constant presence throughout his career, with their melancholic evening shadows and eerily empty squares evoking a sense of the mysterious reality that lies concealed behind the everyday. The symbolism of all these variants, which first appeared in a series completed between 1912 and 1913, is based on a synthesis of Greek mythology, Nietzschean philosophy and de Chirico's own experience. For the Greek-born, Italian painter the story of the abandoned princess, who had saved Theseus from the Minotaur and was later rescued herself by Dionysus, took on a rich metaphorical meaning. She not only represented the classical past of his homeland, but also signified his reading of Nietzsche's radical reinterpretation of the myth, which cast Ariadne as a symbol for the ascension of intuitive consciousness.

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Anika Guntrum
Anika Guntrum

Lot Essay

Cette œuvre est répertoriée dans les Archives de la Fondation de Chirico sous le numéro 014/07/18 OT.

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