拍品专文
Before, Again III est une oeuvre monumentale de Joan Mitchell datant de 1985. Le tableau est dominé par l'explosion de traits de peinture jaune qui occupent la quasi totalité du centre de la composition, tandis que des bleus étincelants remplissent l'arrière-plan. L'énergie déployée par l'artiste se devine à l'ampleur de ses coups de pinceau, envahissant l'espace sur près de trois mêtres de haut et appliqués sur la toile dans un mouvement conjuguant vigueur et précision. Ce procédé illustre parfaitement le processus créatif de Mitchell: en dépit du tourbillon apparemment chaotique des couleurs sur la toile, l'oeuvre mêle en réalité à la fois calcul et émotion; l'artiste aimait ainsi prendre du recul pour voir où elle allait poser le coup de pinceau suivant, utilisant même un oculaire pour voir l'oeuvre de loin, dans sa globalité.
Dans les années 1980, Mitchell se lança dans la création de plus en plus fréquente d'oeuvres de grandes dimensions, réalisant même des polyptyques. Au moment de peindre Before, Again III, cet agrandissement d'échelle avait abouti à un ensemble de peintures immersives intitulé La Grande Vallée. Si cette importante sé rie de toiles, réalisée en 1983 et 1984, développe un langage abstrait propre à l'artiste, elle fait toutefois référence à un lieu bien réel, que Mitchell n'a cependant jamais connu. Il s'agissait d'une vallée "secrête" située dans une campagne lointaine, que son cousin et un de ses amis avaient visitée. Son cousin, décédé jeune d'un cancer, lui avait en effet confié que l'image persistante de cette vallée avait contribué à lui donner, au moment de sa maladie, un réconfort et la possibilité d'une évasion. Cette histoire toucha profondément Mitchell qui souffrait périodiquement de solitude, de symptômes dépressifs et anxieux, maux renforcés par les disparitions concomitantes de parents et amis proches. Néanmoins, là où certains artistes distilleraient cette inquiétude dans leurs peintures, les oeuvres de La Grande Vallée, à l'exemple de Before, Again III, signent le triomphe éclatant de la vie sur la mort. Tout se passe comme si l'obscurité était bannie par ce panache de couleurs effervescent dominant la toile.
La comparaison entre certaines toiles de la série La Grande Vallé e et Before, Again III met en lumière nombre de similitudes. Plusieurs toiles de cet ensemble montrent par exemple un usage analogue de jaunes exubérants et de bleus, évocateurs de rayons lumineux, de ciels d'été et d'eaux vivifiantes. En ce sens, Before, Again III se fait incarnation de paysages, à l'image des panoramas français auxquels l'artiste était si attachée, s'étant installée dans le pays depuis plusieurs décennies. Mitchell s'était plus précisment établie à Vétheuil, village dans lequel Monet avait vécu un siècle plus tôt, et qui paraissait tout droit sortir d'une palette de couleurs pastorales. Au même moment, travaillant dans une relative solitude à la campagne, éloignée de toute forme d'agitation mondaine, Mitchell put développer un langage abstrait affranchi de toutes les influences extérieures auxquelles d'autres artistes de sa génération avaient pu être sujets.
L'isolement de Mitchell s'accrut lorsque, parallèlement à la disparition de plusieurs proches, son partenaire de longue date, Jean-Paul Riopelle, la quitta en 1979. Dès lors, ses toiles se colorent d'allusions toujours plus nombreuses à la notion de mortalité. Le titre même de l'oeuvre, Before, Again III, hommage possible à l'oeuvre de son ami Samuel Beckett, évoque à demi-mot une certaine angoisse existentielle. Pour autant, l'impression de fraicheur et de vitalité qui se dégage de ces jaunes électriques et ces bleus azurés jaillissant de Before, Again III, confère à la toile cette force profonde et cette énergie révélatrice de la personnalité hors du commun de Joan Mitchell.
Before, Again III is a monumental painting by Joan Mitchell dating from 1985. This picture is largely dominated by the explosion of yellow brushstrokes that occupies so much of the centre of the composition, while lush blues fill much of the background. The artist's palpable energy and effort in creating this picture are evident in the scale of the brushstrokes themselves: the picture is almost three metres tall, and yet is largely filled with vigorous yet carefully-judged application of paint. This reflects Mitchell's creative process: despite the vivid turbulence of colour on the canvas, she would compose her works through a process that involved calculation as well as feeling, stepping back from the work to see where the next stroke should go, even using an eye-piece that allowed her to see the complete work as though from a distance.
Mitchell had begun to explore large-scale works with increasing frequency during the 1980s, sometimes even creating polyptychs. By the time that she painted Before, Again III, this augmentation of scale had seen the immersive group of pictures entitled La Grande Vallée come to fruition. This was a large series of works painted in 1983 and 1984 which retained an abstract idiom while referring to an actual place - but one which Mitchell herself had never visited. This was a 'secret' valley in the countryside formerly visited by a friend of hers and her cousin. The cousin, who died young from cancer, mentioned that in his mind the valley continued to provide solace during his convalescence. This story struck a chord with Mitchell, who often suffered from isolation, depression and a grim sense of mortality that was only increased by the deaths during this time of many of her friends and family members. Where some artists would channel that anxiety into their pictures, though, Mitchell's La Grande Vallée series and Before, Again III, which is clearly so closely related to it, reveal a vivacious triumph over death. Darkness is banished in the effervescent plume of colours that dominates the canvas.
Comparison between some of the pictures from La Grande Vallée and Before, Again III underscores the connection between them. Many of the paintings from the earlier series feature a similar bold use of the rich yellows and blues so redolent of summer suns and skies and of lush waters. In this way, there is a strong sense of landscape informing Before, Again III - and in particular of the French landscape to which she was so attached, having moved to the country several decades earlier. Mitchell had moved to Vétheuil, where Claude Monet had lived a century earlier, and appears to have absorbed some of the pastoral palette. At the same time, working in relative isolation in the countryside, far from the hustle and bustle of the art world, Mitchell was also able to develop her abstract idiom away from many of the external influences that might have distracted other artists of her generation.
Mitchell's isolation had increased when her long-term partner Jean-Paul Riopelle had left her in 1979, and this was increased by a number of bereavements. Intimations of mortality clearly came more often, and a certain existential angst can be detected in the title of Before, Again III, which has been cited as an example of a possible homage to the writings of her friend Samuel Beckett. However, with its fountain-like sprays of yellow and blue brushstrokes, with other hints and flashes of colour intertwined within them, Before, Again III clearly reflects the incredible strength and comfort that Mitchell both found in her paintings and managed to channel into them.
Dans les années 1980, Mitchell se lança dans la création de plus en plus fréquente d'oeuvres de grandes dimensions, réalisant même des polyptyques. Au moment de peindre Before, Again III, cet agrandissement d'échelle avait abouti à un ensemble de peintures immersives intitulé La Grande Vallée. Si cette importante sé rie de toiles, réalisée en 1983 et 1984, développe un langage abstrait propre à l'artiste, elle fait toutefois référence à un lieu bien réel, que Mitchell n'a cependant jamais connu. Il s'agissait d'une vallée "secrête" située dans une campagne lointaine, que son cousin et un de ses amis avaient visitée. Son cousin, décédé jeune d'un cancer, lui avait en effet confié que l'image persistante de cette vallée avait contribué à lui donner, au moment de sa maladie, un réconfort et la possibilité d'une évasion. Cette histoire toucha profondément Mitchell qui souffrait périodiquement de solitude, de symptômes dépressifs et anxieux, maux renforcés par les disparitions concomitantes de parents et amis proches. Néanmoins, là où certains artistes distilleraient cette inquiétude dans leurs peintures, les oeuvres de La Grande Vallée, à l'exemple de Before, Again III, signent le triomphe éclatant de la vie sur la mort. Tout se passe comme si l'obscurité était bannie par ce panache de couleurs effervescent dominant la toile.
La comparaison entre certaines toiles de la série La Grande Vallé e et Before, Again III met en lumière nombre de similitudes. Plusieurs toiles de cet ensemble montrent par exemple un usage analogue de jaunes exubérants et de bleus, évocateurs de rayons lumineux, de ciels d'été et d'eaux vivifiantes. En ce sens, Before, Again III se fait incarnation de paysages, à l'image des panoramas français auxquels l'artiste était si attachée, s'étant installée dans le pays depuis plusieurs décennies. Mitchell s'était plus précisment établie à Vétheuil, village dans lequel Monet avait vécu un siècle plus tôt, et qui paraissait tout droit sortir d'une palette de couleurs pastorales. Au même moment, travaillant dans une relative solitude à la campagne, éloignée de toute forme d'agitation mondaine, Mitchell put développer un langage abstrait affranchi de toutes les influences extérieures auxquelles d'autres artistes de sa génération avaient pu être sujets.
L'isolement de Mitchell s'accrut lorsque, parallèlement à la disparition de plusieurs proches, son partenaire de longue date, Jean-Paul Riopelle, la quitta en 1979. Dès lors, ses toiles se colorent d'allusions toujours plus nombreuses à la notion de mortalité. Le titre même de l'oeuvre, Before, Again III, hommage possible à l'oeuvre de son ami Samuel Beckett, évoque à demi-mot une certaine angoisse existentielle. Pour autant, l'impression de fraicheur et de vitalité qui se dégage de ces jaunes électriques et ces bleus azurés jaillissant de Before, Again III, confère à la toile cette force profonde et cette énergie révélatrice de la personnalité hors du commun de Joan Mitchell.
Before, Again III is a monumental painting by Joan Mitchell dating from 1985. This picture is largely dominated by the explosion of yellow brushstrokes that occupies so much of the centre of the composition, while lush blues fill much of the background. The artist's palpable energy and effort in creating this picture are evident in the scale of the brushstrokes themselves: the picture is almost three metres tall, and yet is largely filled with vigorous yet carefully-judged application of paint. This reflects Mitchell's creative process: despite the vivid turbulence of colour on the canvas, she would compose her works through a process that involved calculation as well as feeling, stepping back from the work to see where the next stroke should go, even using an eye-piece that allowed her to see the complete work as though from a distance.
Mitchell had begun to explore large-scale works with increasing frequency during the 1980s, sometimes even creating polyptychs. By the time that she painted Before, Again III, this augmentation of scale had seen the immersive group of pictures entitled La Grande Vallée come to fruition. This was a large series of works painted in 1983 and 1984 which retained an abstract idiom while referring to an actual place - but one which Mitchell herself had never visited. This was a 'secret' valley in the countryside formerly visited by a friend of hers and her cousin. The cousin, who died young from cancer, mentioned that in his mind the valley continued to provide solace during his convalescence. This story struck a chord with Mitchell, who often suffered from isolation, depression and a grim sense of mortality that was only increased by the deaths during this time of many of her friends and family members. Where some artists would channel that anxiety into their pictures, though, Mitchell's La Grande Vallée series and Before, Again III, which is clearly so closely related to it, reveal a vivacious triumph over death. Darkness is banished in the effervescent plume of colours that dominates the canvas.
Comparison between some of the pictures from La Grande Vallée and Before, Again III underscores the connection between them. Many of the paintings from the earlier series feature a similar bold use of the rich yellows and blues so redolent of summer suns and skies and of lush waters. In this way, there is a strong sense of landscape informing Before, Again III - and in particular of the French landscape to which she was so attached, having moved to the country several decades earlier. Mitchell had moved to Vétheuil, where Claude Monet had lived a century earlier, and appears to have absorbed some of the pastoral palette. At the same time, working in relative isolation in the countryside, far from the hustle and bustle of the art world, Mitchell was also able to develop her abstract idiom away from many of the external influences that might have distracted other artists of her generation.
Mitchell's isolation had increased when her long-term partner Jean-Paul Riopelle had left her in 1979, and this was increased by a number of bereavements. Intimations of mortality clearly came more often, and a certain existential angst can be detected in the title of Before, Again III, which has been cited as an example of a possible homage to the writings of her friend Samuel Beckett. However, with its fountain-like sprays of yellow and blue brushstrokes, with other hints and flashes of colour intertwined within them, Before, Again III clearly reflects the incredible strength and comfort that Mitchell both found in her paintings and managed to channel into them.