Alighiero Boetti (1940-1994)
Alighiero Boetti (1940-1994)
Alighiero Boetti (1940-1994)
Alighiero Boetti (1940-1994)
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Œuvre provenant d’une importante collection privée, vendue au profit du projet de résidence d’artistes Shifting Vision en Crète
Alighiero Boetti (1940-1994)

Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove

细节
Alighiero Boetti (1940-1994)
Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove
broderie sur toile
110 x 110 cm.
Exécuté en 1989

embroidery on canvas
43 ¼ x 43 ¼ in.
Executed in 1989
来源
Galerie Dietmar Werle, Cologne.
Vente, Sotheby’s, Londres, 22 juin 2007, lot 110.
Collection particulière (acquis au cours de cette vente); vente, Christie’s, Londres, 16 octobre 2009, lot 44.
Collection particulière, Italie (acquis au cours de cette vente).
Tornabuoni Arte.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
更多详情
Cette œuvre est enregistrée à l'Archivio Alighiero Boetti, à Rome, sous le no. 1215, et est accompagnée d'un certificat d'authenticité daté du 4 février 2015.

Le vendeur de ce lot nous a informés qu’il versera une portion du produit de la vente au projet de résidence d’artistes Shifting Vision en Crète.

荣誉呈献

Avant-Garde(s) Including Thinking Italian
Avant-Garde(s) Including Thinking Italian General Enquires

拍品专文

C’est au cœur des paysages sublimes de la Crète que se nichera la résidence d'artistes Shifting Vision. Offrant des vues incomparables sur la mer et les îles de Paximadia au lointain, cette retraite artistique associera harmonieusement sagesses anciennes, beauté naturelle et innovation contemporaine. Ce lieu offrira à des créateurs la possibilité de plonger dans la nature, l’histoire et les traditions millénaires de cette île remarquable, réunissant les conditions optimales pour produire œuvres d'art novatrices qui trouveront sans nulle doute un écho dans le monde entier.

Shifting Vision’s Artist Residency will be nestled in the sublime landscapes of Crete with unparalleled views of the sea and the distant Paximadia islands. It is envisioned not just as an artistic retreat, but as a harmonious blending of ancient wisdom, natural beauty, and contemporary innovation. Once established, it will extend select invitations to artists to delve deep into the rich history, traditions, and nature of this remarkable island, all while creating pioneering artworks that resonate globally.


‘Le temps recèle une beauté qui n’est pas faite de temps mais d’horloges, de calendriers, de systèmes de datation, de calculs arithmétiques liés aux chiffres des années, de cachets postaux, de cloches et de sons de cloches, de Unes de journaux et de couvertures de magazines, de subdivisions en périodes, en cycles, en saisons, de déclinaisons de verbes, de noms et de nombres’.
Giovanni Battista Salerno

Cette superbe œuvre en tissu est emblématique des Arazzi (ou ‘Tapisseries’) en damier d’Alighiero Boetti. D’une grande complexité, Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove se présente sous la forme d’une grille carrée d’un mètre de long et vingt-cinq cases de côté, dans chacune desquelles figure une lettre de l’alphabet brodée à la main. Ensemble, ces majuscules forment une nuée spectaculaire de symboles et de couleurs, comme un jeu de mots mêlés dont le sens ne se révèle que lorsqu’on l'examine de très près. En regardant attentivement, on remarque que le titre de l’œuvre (une allusion à sa date de conception, le 26 mai 1989) se déroule le long des deux lignes horizontales et verticales centrales qui forment une croix au cœur de la composition, la divisant en quatre parties égales. Chacun de ces quatre carrés renferme à son tour neuf petits compartiments de quatre cases par quatre. Dans ces grilles de seize lettres, se lisent à la verticale certains des calembours et jeux de mots favoris de Boetti: Far quadrare tutto (‘Que tout soit bien carré’), Fuso ma non confuso (‘En fusion mais pas en confusion’) ou encore en à gauche, Entre chien et loup, en français. L’une de ces sections indique: Leggere verticale (‘Lire à la verticale’); une autre épèle le nom de l’artiste. Au centre de chacun des quatre carrés principaux se déploient quelques inscriptions en farsi, la langue des brodeuses afghanes qui ont confectionné cette œuvre à Peshawar, au Pakistan. En mêlant ainsi trois langues et un réseau confus de symboles et de systèmes sémantiques, cette tapisserie multicolore illustre merveilleusement l’adage de Boetti, ordine e disordine: l’idée, déclinée dans l’ensemble de son œuvre, que l’équilibre de toute chose provient de la tension constante entre l’ordre et le chaos. D’autres Arazzi d’un mètre sur un mètre, très ressemblants et datant de la même période, ont rejoint les collections de musées majeurs, dont Sans titre (1987, Neue Galerie, Kassel) et The New Autonomies (1988, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie).

Dans Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove, la présence de caractères perso-arabes témoigne de l’association étroite sur laquelle repose l’élaboration des Arazzi de Boetti. Imaginées et dessinées par l’artiste, ces grandes créations en tissu étaient fabriquées pendant plusieurs années par des brodeuses en Afghanistan, avant d’être confiées, après l’invasion soviétique de 1979, à des artisans afghans réfugiés au Pakistan. Ici, le texte en farsi évoque avec mélancolie le beau pays que Boetti et l’auteur de la calligraphie ont été contraints de quitter: Agar bar shanehaye mojasameye bamiyan istadeh shaved zaroorat baraye, / Didane shahre bamiyan nemioftad, bote Bamiyan az asare tarikhi, / Va bastani manateghe markazi-ye Afghanisan mibashad. / Soozandoozi Ali, Gheiro Boetti, khat az Javid Peyman, avare do mohajere Afghani (‘Si vous montez sur les épaules de la statue de Bâmiyân / Inutile d’aller voir la ville de Bâmiyân / Le Bouddha de Bâmiyân se trouve dans une ancienne contrée d’Afghanistan centrale / Conception: Ali, Ghiero Boetti, calligraphie: Javid Peyman, deux immigrés afghans errants’).

La notion d’équilibre entre ordine e disordine s’insinue jusque dans les fibres des Arazzi et leur méthode de fabrication. En imaginant ces œuvres d’art collectives, Boetti renonce en effet à son emprise sur le produit fini et rompt ainsi avec les schémas traditionnels qui érigent l’artiste en génie suprême. Si les Arazzi sont tous structurés de la même manière et selon le même principe (un ensemble de lettres majuscules placées dans des cases), leurs légères irrégularités dues aux aléas du métier et à la touche personnelle, palpable, des différentes brodeuses rendent chaque pièce tout à fait unique. Les caractères d’Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove s’habillent de variations infinies de couleur, sans répondre à un code particulier: d’une case à l’autre, chaque lettre de l’alphabet peut très bien passer du rose-sur-vert au bleu-sur-orange puis au mauve-sur-jaune. Ces fluctuations créent une dynamique libre et désordonnée au sein de la structure graphique rigide de l’alphabet. L’erreur humaine voudra aussi qu’il y ait une ‘coquille’ (un ‘E’ au lieu d’un ‘F’) dans l’orthographe de Dolce far niente - proverbe qui célèbre le doux plaisir de ne rien faire. Cette œuvre est l’un des nombreux Arazzi à faire une allusion auto-référentielle au lieu et à l'année de sa création: une précision qui souligne son ancrage dans le temps, et les innombrables heures de travail qu’elle représente.

La production tout entière de Boetti se plaît à jouer sur la sémantique, les mathématiques et d’autres systèmes de signification. En filigrane, l’artiste s’interroge sur la manière dont ces langages artificiels, qui nous permettent d’organiser et de comprendre le monde, tentent tant bien que mal de mettre de l’ordre dans les complexités de la réalité. Avec son agencement labyrinthique de grilles à l’intérieur de grilles, Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove célèbre à la fois la logique de sa structure et le joyeux désordre dans lequel elle bascule si facilement. Ordre et désordre cohabitent ici en harmonie, sans que l’un ne l’emporte sur l’autre. Çà et là, une voix s’élève comme par magie avec un message, avant de replonger dans l’éblouissante mêlée du monde.


‘There is a beauty in time that is not made of time, but of clocks, calendars, dating systems, arithmetic operations on the digits of years, postmarks, steeples and tolling bells, front pages of newspapers and magazine covers, subdivisions in periods, cycles, seasons, declension of verbs, nouns and numbers’.
Giovanni Battista Salerno

Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove (1989) is a complex and beautiful example of Alighiero Boetti’s Arazzi (‘Tapestries’). Measuring 40 by 40 inches, it consists of a 25-by-25 grid of embroidered letters in Boetti’s distinctive checkerboard format. The letters create a dazzling display of colour and symbol, only revealing their meaning on careful inspection. The work’s title - which refers to its date of conception, the 26th of May 1989 - can be read by following the rows at the horizontal and vertical mid-points, dividing the work into quadrants. In turn, each quadrant contains nine smaller grids of four-by-four. These sixteen-letter units vertically spell out some of Boetti’s favourite truisms and wordplays: Far quadrare tutto (‘Making everything fit’), Fuso ma non confuso (‘Mixed but not mixed up’), and the French idiom Entre chien et loup (‘Between wolf and dog’) at the upper left. One square spells Leggere verticale (‘Read vertical’); another contains the artist’s name. At the centre of each quadrant is a unit of text in Farsi, the language of the Afghan weavers who fabricated the work in Peshawar, Pakistan. With its three languages and colourful, nested semiotic systems, the work is a glorious example of Boetti’s guiding principle of ordine e disordine: the notion that a global state of equilibrium is created by the constant flux between ‘order and disorder’. Comparable 40-by-40-inch Arazzi from this period are held in important museum collections, including Untitled (1987, Neue Galerie, Kassel), and The New Autonomies (1988, Philadelphia Museum of Art, Philadelphia).

The present work’s Farsi inscription reveals the intimate partnership at the heart of Boetti’s Arazzi. While he designed each work’s layout, they were not woven by him but by skilled craftspeople based in Afghanistan, and later - after the Soviet invasion of 1979 - Afghan weavers who had fled to Pakistan. The Farsi text here paints a wistful picture of the beautiful country which Boetti, and his calligraphic collaborator, were forced to leave behind. Together, the four squares read: Agar bar shanehaye mojasameye bamiyan istadeh shaved zaroorat baraye, / Didane shahre bamiyan nemioftad, bote Bamiyan az asare tarikhi, / Va bastani manateghe markazi-ye Afghanisan mibashad. / Soozandoozi Ali, Gheiro Boetti, khat az Javid Peyman, avare do mohajere Afghani (‘If you stand on the shoulders of the Bamiyan statue, there is no necessity for / Seeing the city of Bamiyan, the idol of Bamiyan is a historical / And ancient area of central Afghanistan. / Needlework of Ali, [Ali]ghiero Boetti, calligraphy by Javid Peyman, two wandering Afghani immigrants’).

The balance between ordine e disordine is woven into the very fabric of Boetti’s Arazzi. Through their collaborative, network-based creation, Boetti sidestepped the traditional post of the artist as supreme genius, relinquishing total control over the end product. Thus, although his text-based Arazzi are all composed of the same basic visual units - capital letters within single squares - each work is unique, full of gentle irregularities and the handmade, tactile presence of the artisans’ process. Oggi ventiseiesimo quinto mese anno uno nove otto nove features endless variations among the letters colours, none of which have a fixed identity: any letter might shift from pink-on-green to blue-on-orange to purple-on-yellow. This creates a scintillating visual flux amid the graphic structure of the alphabet. There is even a rare ‘typo’ in the form of an E that was intended as an F, creating a misspelling of Dolce far niente - a phrase which describes the sweet pleasure of doing nothing. The work is among many Arazzi that include self-reflexive references to the year and place of their making, heightening the sense of them as objects in time, and the countless hours of labour they contain.

He asked whether these artificial languages, by which we map and understand the world, could impose order on the complexities of reality. The present work, with its intricate series of grids within grids, celebrates both its ingenious ordering structure and the brilliant chaos into which it so easily falls apart. Our satisfaction as we decrypt the embroidery messages is matched by our pleasure at the sheer optical splendour of its colours and shapes. Order and disorder coexist, neither overwhelming the other: a voice emerges as if by magic, only to sink back into the glorious melee of the world.

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